Nous restâmes encé(re un jour et une nuit.
Mais, pendant la nuit, nos ignorans et im-
p-révoyans matelots , a/ant amarré le bateau
sans précautions, le vent, qui étoit impétueux,
fit casser toutes lès amarres, et le
bâtiment flotta au gré du courant. Le danger
■étoit pressant ; nous étiçns près çle la montagne
d’’Aüoufeda , toute entière de rochers
du côté du fleuve , et contre laquelle le
courant porte avec violence. L ’impéritie de
nos mariniers ne pouvoit qu’inquiéter : ce ne
fut, en effet, qu’après beaucoup de fausses
manoeuvres qu’ils parvinrent à regagner la
rive de laquelle nous avions été arrachés.
Enfin | au bout de plusieurs jours perdus
pour mon voyage , nous partîmes le 27, dès
le matin. Notre bâtiment, ^irant beaucoup
d’eau , nous passâmes très-près de la chaîne
* de rochers ftAboufeda , afin d’avoir des
eaux plus profondes; mais contraintes à cet
endroit dans leur cours , elles coulent avec
une grande rapidité \ les bateaux doivent
gouverner au courant avec précaution. S?ils
avoient le malheur de se briser contre ces
rochers plus que coupés d’aplomb , puisque
leur masse est-cuvée dans sa pente, il ne
seroit pas possible de se sauver. Outre les
catacombes dont j’ai parlé, je remarquai à
l’extrémité de la montagne àüAboufeda des
ruines de bâtimens taillés dans lé vroc, et
que je n’avois pas vues à mon premier
passage. Des oies sauvages étoient .perchées
sur quelques avances de rpch@rs.
Au . nombre des, gens que le reis avoit
embarqués, ils se trouvoit quatre goujats
qui s’étoient enfuis de l’armée. Contens
d’avoir échappés aux fatigues d.e la guerre^
leur insolence n’avoit point de bornes. Ayant
appris que nous étions Européens ^ c’étoîf
particulièrement à nous qu’ils adressoient
leurs insultes et leurs Outrages. Je me pro->
posois de les faire punir à la première ville
devant laquelle nous nous arrêterions ; mais
n’étant arrivés à Mellavoui que pendant la
nuit, je fus forcé de prendre encore patience.
Les quatre mauvais sujets continuèrent le
lendemain à noué invectiver. Ils portèrent
l’audace jusqn’â frapper deux de mes corn-*
pagnons ; ceux-ci ne demeurèrent pas eu
arriéré ; le combat s’engagea , et le bruit
m’en ayant amti^ 'jeicodnas saibrè à la
main, et j’en appliquai sur les épaules des
agresseurs quelques coaips du plat. Ils lâche-
rent prise ; mais ce ne fut plus qu’un cri