Egypte , en Syrie et même dans les parties
méridionales de la Grèce, fatigue les personnes
les plus robustes ; qu’enfin, par cela
seul, on étoit Fondé à la considérer comme
pernicieuse , à cause des indigestions et des
mauvais levains qu’elle produit dans des
estomacs déjà afloiblis par l’exces de la
chaleur.
D’un autre côté, l’abondance de la graisse
dont cet animal est chargé, interceptant la
transpiration, dans des contrées où la chaleur
la provoque avec tant d’abondance, le
r e n d plus sujet qu’ailleurs à la ladrerie,
maladie, qui lui est particulière, et qui, sous
un ciel brûlant, peut aisément dégénérer
en lèpre. Une pareille disposition étoit plus
que suffisante pour que les Egyptiens, dont
l’attention à éviter tout ce qui pouvoit tendre
à engendrer la lèpre étoit poussée jusqu’au
scrupule , eussent coneu de l’horreur contre
un genre d’animaux qui paroissoient y être
sujets eux-mêmes. C’étoit-là, en effet, le
véritable motif d’une aversion que la stupide
superstition des Juifs a conservée dans des
pays froids, où le cochon est au nombre des
animaux les plus utiles à la nourriture des
hommes. Les Egyptiens pensoient que, portant
avec lui le principe de îa lèpre , des
dartres, et des autres éruptions cutanées qui
prennent dans ce pays uu caractère cl’âcreté
plus décidé, il étoit indispensable de s’abstenir
de se nourrir de sa chair.
L ’abstinence de la chair du cochon s’est
transmise jusqu’aux Egyptiens actuels. Les
Coptes ne s’en nourrissent jamais , non plus
que les Mahométans, en sorte que rien n’est
plus rare que cet animal dansleSaïd, où
il n’y a point, comme dans les villes de
l’Egypte inférieure, de Grecs qui se permettent
d’en élever clandestinement, ni d’autres
Européens que sept à huit missionnaires épars.
A mon arrivée à l’hospice de ISéguadé,
dans lequel l’hospitalité est si perfide , des
Coptes catholiques s’empressèrent de m’annoncer
que je pouvois y voir un animal rare
et singulier. Je me hâtai à mon tour de
demander qu’on me le montrât. L ’on me
conduisit dans un enfoncement delà cour, et
je fus fort surpris de n’y trouver qu’un cochon
qué les moines nourrissoient, et que les
stupides Egyptiens prenoient pour une bête
fort curieuse.
Ces mêmes catholiques, qui accumulent
les superstitions de, plusieurs religions., ont