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sur le bateau. Un infidèle frapper un Musulman
! C’étoit un crime irrémissible ,
qui devoit appeler une mort prompte sur
ma tête. L ’on parloit de me jeter dans ' le
fleuve. Le re is} au lieu d’appaiser le tumulte
, aussi fanatique que les autres ,
crîoit encore plus haut. Je me retirai avec
ines compagnons dans la chambre que nous
occupions , et nous nous y retranchâmes
de notre mieux , nous attendant à y être
attaqués. • Mais’ les armes à feu dont nous
étions bien munis , parurent aux forcenés,
au milieu desquels nous nous trouvions,
assez redoutables-pour qu’ils n’osassent
nous approcher, et ils se contentèrent
de murmurer et de concerter leur vengeance.
A travers les jalousies de la chambre , je
reconnus, và 'Scheick ¿Lbadé _, les ruines
d'Antinoëy et sur là même rive orientale,
Jienihassan y village au pied d’une montagne
de roc, taillée à pic, dans lequel les
anciens ont creusé des grottes sépulchrales.
Plus bas, une forêt de palmiers fait un contraste
agréable avec l’aspect si dur des rochers
qui bordent ce même côté du Nil. Le
village de Çavouadi vient ensuite. L ’on y
voit quelques ruines d’anciennes bâtisses. Le
rocher y a été travaillé et creusé en plusieurs
endroits ; les ouvertures d’un grand nombre
de catacombes sont rangées sur la face de
la montagne, et près d’elles je distinguai
des hiéroglyphes et des figures symboliques.
Le bâtiment prit terre h.Miniei. Aussitôt
le reis descendit avec une vingt&ine de
passagers, et courut chez le Kiaschefiporter
plainte de ce que j’avois eu la hardiesse de
frapper un Musulman. Ces méchantes gens
»voient eu Soin de raconter et dfcnve-
nimer le fait à tous les passans. La popur
lace de Miniet s’attroupoit ; des groupes
de barbares fanatiques demandoient la tête
du chien qui avoit outragé un favori de
Mahomet. J’avois envoyé mes deux domestiques
égyptiens sur les pas du reis 9 afin
d’observer ce qui se passeront. Ils revinrent
m’instruire de la fermentation qu’ocçasi^p-
noit parmi la populace l’accusation du reis ;
ils avoïent pénétré dans la cour.de la maison
•du Kiaschefi y où une foule ameutée deman-
doit vengeance, et ils y avoient entendu dire
que l’on me destinoit au supplice de la bastonnade
sur la plante des pieds.. Je n’avois
pas, d’après lçur rapport, un instant à perdre j