les tromperies que les moines attirent leur
argent. Il me parut néanmoins qu’ils ne jouis-
soient pas d’une grande considération parmi
leurs ouailles. Un de ces Coptes, les plus
considérables à'Echmimm, vint me visiter
dans la maison que j’occupois; il me parla
avec mépris des Franciscains. Us avoient,
me disoit-il, beaucoup d’argent ; c’est ce qui
leur avoit fait dédaigner de me recevoir :
dans d’autres temps, ils m’eussent accueilli
avec empressement. Le même Egyptien se
plaignoit fort de leur esprit de cupidité. Les
pauvres étoient abandonnés par eux, et les
riches les voyoient sans cesse à leurs portes,
L ’on me dit aussi qu’ils s’étoient plaints
amèrement du voyageur Anglois Bruce, qui,
ayant fait quelque séjour chez eux , n’avoit
pas apparemment consenti à satisfaire leur
cupidité en leur payant, au poids" de l’or,
une hospitalité vénale, .
Les catholiques avoient, de même qu’à
Tahta 3 un curé de leur nation, II avoit aussi
passé dix années à Rome, et il parloit l’italien
et assez bien le latin. Mais moins adroit
que les missionnaires, il étoit dans la misère.
Jaloux de son état, de la confiance qu’il ins,-
piroit à-ses compatriotes, et de l’exercice d®
la médecine à laquelle il s’étoit adonné, ces
hommes évangéliques le tourmentoient de
leur mieux, Ici suscitoient des persécutions,
et fidèles observateurs de la charité séraphique,
ils ne laissoient échapper aucune occa-
sion de le déchirer et de lui faire le plus de
mal possible, >
Si les maisons d'Echmimm étoient d’une
meilleure construction, ce seroit une belle
; ville. Les rues sont larges et alignées. Cette
disposition des rues , sans laquelle aucune
cité ne peut prétendre à être remarquable,
: manque, généralement parlant, aux autres
I villes de l’Egypte, dont les rues sont très-
: étroites, tortueuses et mal percées. Mais les
maisons de celle-ci sont, de même que la
plupart des autres lieux considérables de la
partie méridionale de l’Egypte , bâties de
briques, nop. pas cuites , mais simplement
pétries avec le limon et desséchées au soleil.
Ces briques sont liées avec de la terre. Il ré-
: suite de ce genre.de maçonnerie une teinte
L grisâtre répandue sur les édifices , et qui
forme un coup-d’oeil triste et sombre. S’il
survenoit un changement dans les saisons,
et qu’il vînt à pleuvoir dans ces contrées
l comme dans la partie de l’Egypte qui avoi