voyage que j’étoïs sur le point d’entreprendre,
II me reçut très-poliment, et il me fit les
offres les plus gracieuses. Mais il me conseilla
, de même que toutes les personnes
avec lesquelles j’aveis quelque conversation,
de m’embarquer sur le N il, et d’abandonner
la voie de terre que j ’a vois adoptée, parce
qu’ elle êtoit infestée de brigands en grand
nombre. En me retirant, je lui fis dire que
î ’avois. quelques bouteilles de liqueurs à lui
présenter, et que je les lui enverrais le lendemain.
Il me rappela, et quoiqu’il fut prêt
à monter à cheval, il me pria de ne pas
tarder à lui faire un cadeau qui le flattoit
beaucoup, et il me promit de ne point sortir
avant de l’avoir reçu.
Le Sçheick Dervisch étoitfils düjdmmàm,
prince Arabe, célèbre en Egypte par ses liaisons
avec Ali bey. Il étoit jeune, fort gros,
et d’une figure qui respirait la bonté et la
douceur. Il avoit beaucoup de goût pour les
plaisirs. Les femmes et les liqueui's fortes for-
moient ses goûts dominans : C’étoitau surplus
l’Arabe le plus doux et le plus honnête.
La petite ville dans laquelle Derviseh
exerce sâ souveraineté est mal bâtie, et elle
a l’apparence de la misère. Elle est située
fort avant dans les terres. Le Nil en est éloigné
de deux bonnes lieues. Entr’elle et le
fleuve, l’on trouve un bourg nommé Bas-
jour a y où réside un Kiaschef. Le port de
■ces deux endroits est un petit village qu’on
appelle Sahet. Il y a toute apparence que
Farschout tient la place d’’¿dcanthus , ancienne
ville d’Egypte, près de laquelle il y
avoit un bois sacré. C’étoit la seconde ville
qui s’appeloit ainsi ; une autre du même nom •
occupoit l’emplacement de Daschour3 un
peu au midi de Sakkara.
Déterminé à suivre les avis que je rece-
vois de toutes parts, je renonçai à suivre
par terre le cours du Nil, et je m’arrangeai
avec le patron d’un kanja pour me conduire
chez Ismàïn -^ibou-AU. Mais comme l’on
m’avoit également prévenu que la navigation
du Nil n’étoit guère plus sûre que les
chemins , je laissai chez les Récollets de
Farschout une partie de mes effets, car, au-
dessus , le pays étoit rempli de voleurs.
L ’on vint m’avertir que, malgré mes conventions
avec le reis du bateau, le K iasch
e f de Basfoura s’étoit emparé de mon
embarcation pour son usage particulier. L ’au-^
tforité, dans des mains qui en sont indignes,