
H I S T O I R E N A T U R E L LE D U C A L A O B I C O R N E . ,9
partie supérieure de la tête Sont longues et flottantes; elles tombent
derrière en forme de Huppe couchée. Cette partie, ainsi que tout le col,
le manteau, les s c a l a i r e s , le dos, le croupion, les couvertures superieures
de la queue, et toutes les couvertures du dessus de l'aile, sont
d'un noir fonce, plus luisant sur le haut de la tête et sur les ailes, où
toutes les plumes montrent leurs côtes brillantes et lisses ; les premières
pennes des ailes sont noires; les secondaires sont de la même couleur,
mais portent toutes dans leur milieu une large tache blanche;
les suivantes sont entièrement noires. La poitrine et tout le devant
du sternum, ainsi que les flancs, les plumes qui recouvrent les
jambes , les couvertures du dessous delà queue, et les grandes couvertures
du dessous des ailes, sont blancs; mais ce blanc se salit
toujours davantage d'une teinte jaunâtre, à mesure qu'il s'approche
des parties basses.
La queue, qui est composée de dix pennes, se trouve un peu arrondie,
à son extrémité, par l'effet des latérales qui sont plus courtes que
les intermédiaires : celles-ci sont entièrement noires, tandis que les autres
sont d'un blanc sale dans le milieu, et noires à leur naissance et à
leur extrémité; mais do manière que le blanc occupe toujours un peu
moins d'espace à mesure que la plume est plus extérieure. Les pieds,
qui sont forts et robustes, sont munis d'ongles d'un noir bruni, et les
tarses sont couverts de larges écailles d'un brun rougeâtre. lîrisson
donne , d'après AVillughby etPeliver, des pieds verdâtres à ce Calao. Si
ces derniers ont été à même de voir cet oiseau vivant, ils peuvent avoir
raison, car ces parties sont très-sujettes à changer de nuances, à mesure
qu'elles se dessèchent ; mais bien certainement ils n'ont pu voir
qu'il n'avait, comme ils le disent dans leurs descriptions, qu'une plume
blanche de chaque côté de la queue, tandis que toutes les autres étaient
entièrement noires. Je dis qu'ils ne peuvent l'avoir vu, ( à moins
toutefois que ce ne soit par quelque accident ) parce qu'il n'y a pas un
oiseau connu qui oll're cette particularité dans son espèce. N o n , il n'y
a pas un seul oiseau connu qui, dans son espèce, offre le caractère
constant d'avoir une seule plume de chaque c£>té de la queue qui soit
entièrement d'une couleur, pendant que toutes les autres seraient aussi
absolument d'une couleur différente. De plus de trois mille espèces d'oi-
seaux que j'ai vues en nature, et dont j'ai bien étudie' les caractères, je
n'ai jamais remarqué encore cette bizarrerie que dans quelques individus
variés accidentellement, ou chez quelques oiseaux qui, ayant
dans le premier âge la queue d'une couleur différente que dans l'âgfe
fait, en auraient perdu par hasard une plume ou deux de celles du jeune
âge, et les auraient eues remplacées, par de semblables à celles de l'âge
mûr, comme cela arrive â tous les oiseaux en général. Alors il se peut
non-seulement qu'il n'y ait qu'une plume latérale de chaque côté de
la queue qui soit d'une couleur différente de toutes les autres, mais il
se peut qu il n'y en ait même qu'une seule d'un côté qui soit différente,
et elle peut être aussi bien la seconde ou la troisième que toute autre,
comme, dans le même cas, tout un côté de la queue peut se trouver
d'une couleur, et l'autre d'une couleur différente : c'est du moins ce
que j'ai nombre de fois observé, tant dans les oiseaux qui changent
régulièrement de plumage dans leurs différents âges que dans ceux qui,
dans quelques cas particuliers, deviennent blancs ou noirs, ainsi que
cela peut arriver à tous en général. C'est au naturaliste qui décrit un
oiseau à faire toutes ces distinctions , et c'est ce que la pratique seule
doit lui donner la facilité de connaître au premier aperçu ; mais,
malheureusement pour la science, l'Histoire naturelle est toute en
théorie, peu de naturalistes ayant vu la nature hors de l'enceinte d'un
cabinet.
Je n'ai jamais vu qu'un seul mdividu-deTcsptrée~du Calao bicorne
dans le cabinettte M. Boers, et cet oiseau faisait partie do la collection
qu'il avait rapportée de Bornéo, où il avait séjourne plusieurs années
au service de la compagnie hollandaise : ce qui prouve que cette espèce
se trouve ailleurs qu'aux Philippines. En revanche, j'ai trouvé beaucoup
de becs de ces oiseaux dans différents cabinets, et j'en ai remarqué
même pl usieurs dont les deux cornes ctaient moins prolongées cjue
d'autres; ce qui me laisse absolument dans l'incertitude sur l'unité ou
la diversité d'espèces entre le Calao à casque concave et le bicorne.
N'ayant pas observe ces oiseaux dans leur pays natal , il faudrait en
avoir vu un plus grand nombre d'individus , et les avoir comparés ensemble
, pour oser prononcer affirmativement à cet égard ; et, pour ne
rien donner au hasard, nous ne formerons pas même de conjectures