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cette partie du monde, et desquels on peut extraire quelques notions
utiles pour ces espèces étrangères à l'Afrique, dont nous ignorons le
caractère moral, ne doutant point qu'il ne doive y avoir beaucoup d'analogie
entre tous ces oiseaux, quel que soit le pays qu'ils habitent.
On ne remarque de couleurs agréables que sur le bec de cet oiseau ,
dont le casque est d'un beau rouge dans toute sa partie supérieure, et
d'un jaune safrané jusqu'à son extrémité, qui, se recourbant un peu
par-derrière, se termine par une pointe arrondie et mousse; une ligne
noire, qui partage ce casque, dans toute sa longueur, en deux parties,
luLdoime absolument l'air d'être lui-même un bec fermé qu'on
aurait renversé sur l'autre; une bande également noire, mais beaucoup
plus large, le termine du côté de la tête; le vrai bec, qui se courbe
en faux, est noir à sa base, et, du reste, d'un jaune safrané dans toute sa
longueur; mais cette couleur est plus rougeâtre vers la tête. Les deux
mandibules étaient très-irrégulièrement crénelées dans leurs rebords,
ce qui y formait des cassures ; cependant il était aisé de s'apercevoir
que le bec est naturellement dentelé, comme dans la plupart des autres
Calaos. A u reste, ayant donné la ligure du bec de cet oiseau,
de grandeur naturelle , je renvoie le lecteur â notre planche n.° 2.
Les yeux, très-grands, étaient garnis de longs eils noirs et plats, et
m'ont paru d'une couleur noirâtre; les pieds étaient robustes, et garnis
de larges écailles brunes, elles ongles, fort aplatis sur les côtés, avaient
toutes leurs pointes cassées et usées par le frottement; leurs couleurs
étaient plus approchant du noir que les écailles des pieds.
La couleur du plumage de cet oiseau n'a rien de remarquable, étant
absolument noire avec un reflet bleuâtre dans les parties exposées directement
à la lumière ; les grandes pennes de l'aile sont d'un noir luisant ;
celles de la queue, qui est un peu arrondie par l'effet des plumes latérales,
qui sont plus courtes que celles du milieu, ont la même couleur
et sont toutes terminées de blanc : l'aile pliée passe de quelques pouces
les recouvrements du dessus de la queue.
La description que Bontius donne de son oiseau - rhinocéros , qu'il
nomme encore corbeau cornu des Indes, se rapporte trop bien à relie
que je viens de faire, pour douter un seul instant que ce ne soit pas
du même oiseau qu'il ait voulu parler, quoiqu'il ne fasse pas mention
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des taches blanches de sa queue; mais la description exacte et la figure,
quoique mauvaise, qu'il donne du bec de cet oiseau ne laissent aucun
doute à cet égard. Ce voyageur rapporte, au sujet de cet oiseau, qu'il
vit de charogne, qu'il poursuit les chasseurs pour se repaître des intestins
des animaux qu'ils abandonnent après les avoir dépecés, et qu'il
fait la chasse aux rats et aux souris : ce que je crois, parcc que cela est
exactement conforme à tout ce que j'ai observé moi-même des Calaos
d Afrique, qui tous sont carnivores et se rapprochent, parleurs moeurs,
des corbeaux et des vautours, qui ne chassent que les animaux faibles
et sans défense.
Le Calao-Rhinocéros se trouve non-seulement à l'île de Java , mais
encore dans une grande jjartie.daOnde, puisque Bontius dit qu'on le
voiL aux Philippines; au reste, il ne paraît pas très-rare, puisqu'on trouve
le bec de cette espèce dans beaucoup de collections. 11 faut croire qu'on
n'a pas trouvé l'oiseau assez beau pour le rapporter entier, car je ne l'ai
encore vu dans aucun cabinet de l'Europe.
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