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du derrière de la tète sont alongées et figurent une sorte de huppe couchée,
qui, suivant toutes les apparences, se hérisse quand l'oiseau est
animé par quelques passions. Les tarses sont épais, courts et couverts
de larges écailles couleur de plomb. Les doigts, très-forts, sont réunis
comme ceux de tous les autres Calaos, et armés de grands ongles noirs,
émoussés et plats sur les cotés; de longs cils arqués garnissent les paupières
supérieures; enfin, les ailes, ployées, ne dépassent pas les couvertures
supérieures de la queue. D'après tous ces caractères, on ne
saurait douter que cette espèce n'appartienne au genre des Calaos.
Le plumage de cet oiseau, qui porte entre les deux épaules une plaque
carrée d'un brun rougeâtre, est d'un noir à rellet bleuâtre sur la
tète et le cou , ainsi que sur le dos et les ailes; il est d'un noir brunâtre
sur la poitrine et les flancs, sur le ventre et les jambes, pendant que les
grandes pennes des ailes sont d'un noir pur ; mais nous observerons que
les barbes seules des plumes ont ces nuances, car toutes leurs tiges sont
d'un noir très-luisant. La queue, arrondie à son extrémité, attendu que
les plumes latérales se trouvent un peu plus courtes que les intermédiaires,
est d'un blanc roussâtre et à peu près de la longueur du corps
mesuré du bas du cou à l'anus.
La peau nue qui entoure les j e u x et la gorge était peinte en bleu
dans les individus préparés que j'ai vus : j'ignore cependant, quoique
nous la lui ayons conservée dans le dessin que nous en avons fait faire,
si telle est en eifet la couleur naturelle de cette partie, lorsque l'oiseau
est vivant.
La femelle , représentée dans notre planche n.° 2 1 , est seulement
un peu plus petite que le mâle, dont elle ne diffère d'ailleurs qu'en ce
qu'elle ne porte point entre les deux épaules, au bas du cou, la plaque
d'un brun rouge dont nous avons fait mention en le décrivant.
Ce Calao, d'une espèce nouvelle et dont aucun auteur n'avait encore
parlé, fait partie du superbe cabinet de M. J. Temminck, à Amsterdam,
où il lui a été adressé de Batavia par un de ses amis, sans aucune
indication particulière sur ses moeurs et ses habitudes naturelles.
Après avoir décrit toutes les espèces de Calaos à casque plus ou moins
élevé , qui habitent aux Indes et que nous sommes parvenus à connaître
, il ne nous reste qu'à faire quelques observations sur un oiseau
D U C A L A O A C A S Q U E F E S T O N N É . 43
que nous n avons pas cru devoir admettre dans ce genre , quoique tous
les ornithologistes en ayenl fait mention sous le nom de Calao à casque
rond, et dont on peut voir la figure de la tête (seule partie qu'on en
connaisse) dans les planches enluminées de Bullon, n." 9 3 3 , ainsi que
dans celles des Glanures d'Edwards, n.°28i , figure C , et dans Aldrovande,
Avi., t o m e l , page 833
Nous avons examiné, avec la plus scrupuleuse attention, plusieurs
rie ces têtes dans différents cabinets : celles entre autres qu'on a déposées
dans la collection du Musée d'Histoire Naturelle de Paris, où il en
est deux de très-bien conservées, dont l'une même est encore garnie
de^iekpie«rriérilè"sês^plùïries; mais nous nous en sommes procuré
une autre dont nous avons fait scier toutes les parties, et cette opération
est venue dissiper toutes les incertitudes, en prouvant jusqu'à l'évidence,
par I a contexture des os, par leur dureté et leur solidité, ainsi
que par la pesanteur du casque, que les oiseaux auxquels ces fêtes
appartiennent ne pouvaient pas être du genre des Calaos.
Trompés sans doute par la ressemblance qu'ils ont trouvée entre la
forme du casque de certains Calaos et cette grosse loupe osseuse qui
surmonte le front de l'oiseau par lequel nous terminons cet article les
naturalistes ont cru devoir les rapporter au même genre : erreur qui
n'eût pas eu lieu, je pense, si le premier ornithologue qui a parlé de la
tête de cet oiseau l'eût tenue un instant dans la main ; car il aurait senti,
à sa pesanteur seule, la prodigieuse différence qui se trouve naturellement
entre une tête de cette espèce et celles des Calaos. Cette différence
est?même telle que, quoique le bec et la tête de ce prétendu Calao
à casque rond ne présentent pas le tiers du volume de la tête entière du
Oalao-Rliinocéros, ils pèsent cependant quatre fois autant; ce qui ne
surprendra pas, si l'on veut bien se rappeler que le casque des Calaos
est à peu près entièrement vide , et qu'ils ont les os de la tête et des
mandibules tellement poreux, que leur poids en devient presque nul.
Ici, au contraire, le casque est non-seulement plein , mais il est d'une
texture si serrée et si compacte, qu'il imite l'ivoire : les mandibules sont
de la même solidité, et les os de la tête d'une dureté remarquable; d'où
il suit que ces parties difièrent essentiellement de celles qui constituent
la tète, le casque et les mandibules des Calaos proprement dits: