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avait très-bien observé tout cela en parlant de cet oiseau ; mais ce
qu'aucun naturaliste n'avait encore remarqué, c'est la forme des quatrième
et cinquième pennes de l'aile, qui non-seulement sont toutes
deux plus courtes que celles qui les suivent et les précèdent immédiatement,
mais aussi plus étroites, surtout la quatrième, qui est la
plus courte, et qui se termine par un petit appendice analogue, en
quelque sorte, à ceux qui ornent les dernières plumes «loin* du Jaseur:
cette quatrième penne est aussi très-arquée (Voyez la planche 37, où
nous l'avons fait représenter). Nous pensons que cette forme singulière,
qui laisse un vide vers le milieu des ailes, doit nécessairement
gêner l'action dn vol, d'autant plus que ces dernières se trouvent déjà
fort courtes par elles-mêmes.
Ce beau Cotinga se distingue encore par ses couleurs, en ce qu il a
le dessus de la lèle couvert de plumes roides et étroites qui sont d'un
rouge pourpre des plus éclatants. Cependant, et quoiqu'il ait sans doute,
comme le dit Edwards, la faculté de le« hérisser ( ce qu'opèren t d'ailleurs
tous les oiseaux par une contraction forcée de la peau de la tête), ces
pIumêTnë fbrmenLpointjiiuiie-Jiuppo ^ecinartrilte comme chez le
•^rand Cotinga. Qu'elles forment, au reste, ou ne forment pas une
huppe, ces plumes relevées n'en présentent point l'effet, mais bien
plutôt celui d'une vergette. On remarque au dessus des j e u x , un peu
par-derrière, un petit trait ou sourcil noir formé par quelques plumes
de cette couleur. Les côtés de la tête, le derrière du cou et le dos sont
d'un brun violet foncé et velouté qu'on retrouve sur la poitrine, où il
prend cependant une teinte mordoré ou plits rougeâtre, tandis que,
sur le devant du cou, il est encore plus clair et comme ondé de roussàtre.
Les plumes scapulaircs et les couvertures du dessus de l'aile sont
d'un brun roux, et bordées du brun violet du dos. Les premières pennes
des ailes sont extérieurement d'un noir bruni, et les suivantes du
brun du fond des scapulaircs. Le croupion, les couvertures supérieures
de la queue, qui s'étendent jusqu'au milieu de sa longueur; celles du
dessous, la région abdominale, le bas de la poitrine, les flancs, et les
plumes des jambes sont d'un rouge vif d'écarlale, plus foncé en dessus
qu'en dessous du corps. La queue est entièrement de celte dernière
couleur, si ce n'est que la bordure extérieure de ses deux pennes lalé-
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raies et l'extrémité de toutes les autres sont d'un brun rougeâtre, ce
qui forme une bande qui termine la queue, au revers de laquelle les
couleurs sont plus faibles. Buffon dit que cette bordure est noire, mais
il est aisé de voir que c'est par erreur, ou plutôt et sans doute par faute
d'impression.
Nous observerons, pour la plus grande exactitude, que les tiges des
penneâ de la queue sont blanches en dessus dans toutes les parties cachées
par les plumes de recouvrement, pendant qu'en dessous elles le
sont jusqu'à la bordure ; qne les barbes intérieures des pennes des ailes
sont d'un noir lavé dans leur milieu, et d'un blanc roussâtre sur leurs
bords, ce qui donne celte couleur à une grande partie du revers des
ailes ; et enfin que les couvertures du dessous des ailes sont d'un brun
clair. Le bec est d'un rouge bruni ; les pieds et les ongles sont jaunâtres,
et les petites plumes qui revêtent le tarse d'un rouge très-clair.
Nous ne connaissons pas la couleur des yeux, que nous avons supposés,
jaunes.
Cette description est celle du mâle dans son état parfait. Jeune, il est
très-différent de ce que nous le voyons ici, et ressemble absolument
à la femelle dont nous faisons le sujet de l'article suivant. La description
que nous allons donner de celle-ci pourra donc s'appliquer au
Hiûle dans son premier âge; car ce n'est qu'à la seconde mue qu'il
commence à quitter la livrée commune aux deux sexes, pour prendre
ses belles couleurs. Il suit de-là que, dans le moyen âge, l'Ouette mâle
se trouve bigarré des couleurs de l'enfance et de celles cle l'état parfait ;
et j'en ai pour preuve, dans mon cabinet, un individu pris dans ce
moment intéressant : mais j'ai cru que, donnant le portrait de la femelle,
il devenait inutile de le figurer; car le lecteur concevra facilement
un oiseau dont les couleurs de plumage seraient composées de
celles des deux états, a peu près dans le genre du Quereïva mâle dans
son moyen âge.