
L E C O T I N G A C E N D R É.
N.° 44-
L A nature, qui se montra si magnifique envers les Cotingas en général,
semble avoir oublié que celui-ci appartenait à la même famille ;
car rien de plus modeste et de plus uniforme que son vêtement ; mais,
si par là le Çotinga cendré contraste d'une manière frappante avec la
plupart de ses congénères, il a sur eus l'avantage précieux de n'exciter
que peu l'envie des curieux, d'errer tranquillement au milieu des forêts
qui l'ont vu naître, et de s'y dérober, par sa simplicité, à l'oeil vigilant
du chasseur, qui même méprise sa dépouille; car elle est de si peu
de valeur que la plus grande partie des amateurs d'histoire naturelle
dédaignent d'en orner leurs cabinets. Tel est parmi les faibles humains
l'honnête et paisible citoyen, qui, vivant ignoré loin du faste et des
grandeurs, échappe & l'envie, à la méchanceté des autres hommes,
et ne doit souvent le bonheur et la tranquillité dont il jouit qu'à la
médiocrité qui l'environne, quoiqu'il soit parfois assez aveugle pour en
accuser la fortune;
Si donc on ne voulait avoir égard qu'à la beauté du plumage pour
distinguer les différentes espèces de Cotingas, celui dont nous parlons
devrait être exclu de la liste de ces oiseaux; mais, comme il en a toutes
les formes extérieures et tous les caractères propres du genre, on ne
saurait s'empêcher de l'y placer comme espèce distincte, assez rare dans
nos cabinets d'histoire naturelle, à cause de la monotonie de son plumage,
peu attrayant pour les amateurs de belles et brillantes espèces.
Celle-ci est à peu près de la taille du Quereïva; mais sa queue, à
pennes égales entre elles, est plus longue que celle de ce dernier : ce
<tt
% Si'
c «