l'éviuer
1823.
cultivées, et ils entretienneut autour de leurs habitations des
jardins dont le produit alimente les marchés des villages voisins.
C’est à une demi-liene des ruines de Penco que nous avons
fait notre provision do cliarbon de terre. Pour obtenir ce lignite
, ((ui fournit aux besoins des habitants de la Concepcion
ainsi qu’aux navires qui abordent sur ce poiut du C h ili, nous
étions obligés d’enlever uue première couche de six à sept
pieds d’épaisseur, dans laquelle il était mêlé à beaucoup de débris
terreux. Nous arrivions ainsi au lignite pu r , que nous
trouvions d’autant meilleur que la profondeur à laquelle uous
jiuisions était |)lus grande. La location des mules nécessaires
au transport de cet approvisionnement, depuis la mine jusqu’au
bord de la mer, où il était reçu par notre chaloupe, est la seule
dépense que nous ayons faite pour nous le procurer.
Après la ruine de Penco , les liabitaiits jetèrent sur la rive
septentrionale du Bio-Bio, non loin des décombres qu’ils abaii-
doimaient, les fondementsde la nouvelle ville à laquelle ilsdonnè-
reut encore les noms de la Mocha et de la Concepcion, et ils s’y fixèrent
définitivement en 1764. Plusieurs fois nous avons eu l’occasion
de nous rendre à cette ville, qui, depuis sa fondation, occupe
le second rang parmi toutes celles du Chili. La route que nous
avions à parcourir dejmis Talcahuano, dont elle n’est éloignée
que de six ou sept milles, traverse un pays plat entrecoupé de
collines boisées, d’un aspect agréable. Cette partie du territoire,
qui est comprise entre le fond de la baie et le Bio Bio-Bio, est
généralement basse, quelquefois marécageuse ct peu susceptible
de culture. Un sable mouvant constitue ce sol au-dessous duquel
s étend une couche épaisse de coquilles semblables à celles que
Ion trouve à l’état vivant près dès côtes voisines. Ce dépôt
coquillier est sans doute dù aux mouvements spontanés des
eaux de la mer q u i, a|irès de violents tremblements de terre ,
ont plus d’une fois inondé toute cette partie de la contrée. Des
H Y D R O G I I A P H IE , C H A P . V I I .
exemples de ce fait ont été rapportés par les historiens. La ruine
de Penco, disent-ils, est moins l ’effet des secousses du sol cjui
eurent lieu en 1780 et 1751, ejue de l’exhaussement temporaire
des eaux de la baie de la Concepcion qui se répandirent daus
la ville et sur toutes les terres environnantes. Ce qu’il y a de
bien remarcfuable, c’est que cette même couche de coquilles,
non pétrifiées , mais seulement roulées par les eaux, se retrouve
aussi dans plusieurs collines à des hauteurs de cinquante et
soixante pieds au-dessus du niveau actuel de fOcéan. Pour
expliquer ce phénomène, il faut nécessairement admettre que
ces portions du sol ont été soulevées par des tremblements de
terre ou de violentes éruptions volcaniques, à des époques qui
ue doivent pas être très-anciennes, mais dout la plupart doivent
être, néanmoins, antérieures ¿1 l’occupation du Chili parles
Espagnols '.
La ville de la Concepcion est bâtie dans une plaine unie,
entourée de montagnes assez élevées. Sa distance à la rive du
Bio-Bio n’est que d’un demi-mille. Le Bio Andallen, dont
l’embouchure est peu éloignée des ruines de Penco, aiusi
qu’une petite rivière qui se jette daus le Bio-Bio, arrosent
les campagnes voisines et fournissent à la consommation de ses
habitants. La régularité de cette ville, son étendue et quelques
édifices remarquables lui donnent un aspect imposant; mais
les ravages ordonnés par le général Sauchez, lorsqu’en 1818
l'armée espagnole, accablée par les indépendants, fut obligée
* Madame Maria G raham, témoin du tremblement de terre qui, en novembre
18 2 2 , détruisit presque entièremeut Valparaiso et plusieurs autres villes du C h ili,
rapporte qu’ immédiatement après cet événement l’on s’aperçut que le rivage s’était
soulevé de trois pieds à Valparaiso et de quatre à Quintero, et que, dans une étendue
de plus de cent milles, des rochers autrefois sous l’eau se trouvaient à sec,
couverts de diverses espèces de coquillages. (Journal o f a residence in Chile , etc.,
hy Maria Graham, i vol. in-4®, Lon d on , 1824.)