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atteindre le tropique du Capricorne, que nous coupâmes le
lendemain par ’i f 4o’ de longitude occidentale. Les vents
généraux rétablis n’ont rien changé à l ’état de l’atmosphère,
et une brume humide et pénétrante, des nuages noirs formant
des pannes arquées, qui arrêtaient les rayons solaires,
des nuits ordinairement sombres et pluvieuses, nous suivirent
jusc[u’aux approches de la côte du Brésil. Plusieurs navigateurs
ont observé ce changement subit, dans l’état du ciel et de la
mer, en quittant l ’Ile de la Trinidad, qui semble placée là
comme uue colonne océanienne, que la nature aurait élevée
pour marquer la limite de deux zones différentes.
Nous étions à environ trente-huit on quarante lieues de file
Santa-Catliarina, sur laquelle nous nous dirigions, lorsque les
vents d’E s t, qui ne nous avaient point encore quittés, quoique
nous fussions à ]ilusieurs degrés en dehors du tropique, cédèrent
enfin aux brises du Nord, qui pendant la durée de l’été,
c’est-à-dire de septembre eu mars, soufflent le long des côtes
septentrionales du Brésil. A cette distance la sonde n’atteignit
pas le fond à deux cents brasses de profondeur ; mais à dix-
huit lieues de terre, nous trouvâmes d’abord un fond de sable
gris et de coquilles brisées, et nous eûmes ensuite, par soixante-
trois brasses, la première indication du banc de vase, qui
monte ffraduellement vers la côte, et s’étend dans tous les O •'
bras de mer, où il offre d’excellents mouillages.
I t Y D R O G R . iP H I E , C H A P . t l l . 69
CHAPITRE III.
SEJOUR A L’IIÆ SANTA-CATHARINA.
Le 16 octobre, vers Imit heures du matin, nous vimes se
développer devant nous la longue chaîne des Andes Brésiliennes.
Le mont B a h u l, dont la forme singulière est une bonne remarque
pour les navigateurs, et celui de Camberella, qui
domine toute la cô te , présentaient leurs sommets au-dessus de
vastes nuages qui embrassaient le faîte des monts environnants.
A midi nous reconnûmes la petite ile Arvoredo , qui se trouve
à l’entrée du cañal formé ]iar file Santa-Catharina et le continent.
Contrariés par la brise, nous ne pûmes nous diriger de
suite vers la ba ie , au-dessous de laquelle nous avions été portés
|jar les courants du la rg e , qui ue changèrent de direction que
lorsque nous fûmes rendus à sept ou huit milles du rivage;
toutefois, le vent s'établit, dans l’après-midi, au N. N. E . , ce qui
nous permit de gouverner d’abord sur cette i l e , et de nous
avancer ensuite daus la passe, en doublant la pointe Bapa que
nous rangeâmes de très-près.
A cinq heures et demie du so ir , après avoir refoulé la marée
qui portait avec force en dehors de la haie, nous laissâmes
tomber l'ancre par cinq brasses fond de vase molle , à un
demi-mille au Sud de la petite ile Anhatomirim , sur laquelle
nous avons établi notre observatoire dès le lendemain de notre
arrivée.
Octobre
1822,