On n’avait donc encore qn’une connaissance imparfaite des
Malouines, lorsque pendant la guerre de 1760 , la France songea
à y fonder uu établissement. Elle voulait avoir dans ces
parages un port de refuge assuré pour ses vaisseaux chargés
d’étendre son influence sur toutes les côtes de l’Amérique méridionale.
Nos bâtiments, avant de i>énétrer dans la mer du S u d ,
étaient dans la nécessite de relâcher soit au Brésil, soit à Bio
d e là Plata; et leur séjour précaire dans ces ports étrangers,
où ils rencontraient toujours des inconvénients imprévus, ne
jjouvait être que nuisible aux opérations militaires ou commerciales
à exécuter sur les côtes du Chili et du Pérou. Les Malouines,
isolées à l’extrémité de l’Amérique méridionale, se
présentaient sous un aspect favorable â l’accomplissement de ces
missions lointaines. L’abbé du Gua de Malves, rédacteur du
voyage de l'amiral Anson, les avait déjà signalées sous ce point
de vue à l’attention des ministres anglais. Aussi, peu de temps
après que notre illustre Bougainville , encouragé par la cour^
eut établi à ses frais plusieurs familles Acadiennes sur les rives
du Port-Louis, dans l’île Conti, vit-on l’Angleterre former un
établissement au Port-Egmont, dans l’île Occidentale.
Aussitôt que l ’Espagne eut connaissance de l’occupation des
Malouines ]>ar les deux puissances maritimes les plus entreprenantes
de l’Europe, craignant sans doute pour la sûreté de ses
possessions américaines, elle s’empressa de les revendiquer.
La cour de France consentit à la cession du Port-Louis moyennant
le remboursement des dépenses qui avaient été faites
depuis la fondation de cet établissement. Quant aux Anglais,
ils ne furent dépossédés qu’en 1 7 7 1 , ajjrès avoir offert quelque
résistance aux forces que le gouverneur de Buenos-Ayres,
D. Francisco Bucareli, avait dirigées contre le Port-Egmont.
Les Espagnols, qui n’avaient occupé les îles Malouines que
pour en écarter les étrangers, les abandonnèrent aussitôt que
les premiers troubles de l’A.méritjuc éclatèrent.
Le nouveau gonvernement de Buenos-Ayres, au milieu des
secousses politiques qui fébranlent journellement, ne cesse d’avoir
les yeux fixés sur les Malouines. Vers la fin de 1820, le
capitaine de vaisseau Jewitt, commandant la frégate YHeroind,
vint mouiller daus la baie Française et prit possession des îles
au nom de cette républicpie, en présence de divers baleiniers
([ui y étaient à l’ancre; c t , nous lisons aujourd’hui dans
h Temps, journal des progrès, aie. , du i 5 octobre 1829, que
Cl M, Louis V e ru e t, de H ambourg, qui vient de faire une exjflo-
<1 ration complète des Malouines, est nommé gouverneur de
■c ces îles, et qu’il est parti avec sa famille et quarante colons
« anglais et allemands pour commencer, dans la baie Française
« ou de la Soledad, l’établissement projeté. »
Le vaste groupe des Malouines, inhabité â l’époque où nous
le visitâmes, est situé entre les parallèles de 5 i et 52° 45' Sud ,
et comprend l’espace d’environ quatre degrés en longitude. Il
est divisé en deux îles pi’incipalcs auxquelles viennent se rattacher
le grand nombre d’ilots et d’écueils qui le composent.
L’ile orientale a été nommée Conti par les Français, la Soledad
par les Esjtagnols ; elle est séparée de l’ile occidentale [lar un
détroit de sept à douze milles de largeur appelé Falkland, nom
<pie les Anglais ont donné d’abord aux deux îles; mais qui ne
s’ap[)iique plus aujourd’hui qu’à la plus occidentale, pour la
distinguer de la première.
Ces terres ont un aspect uniforme ; elles sont peu élevées et
se dessinent en jflaines immenses, que ceignent des monts
entièrement formés d’un grès cjnartzeux. Les côtes ne présentent
qu’une falaise de roches grisâtres, interrom|)iie par des
monticules et des ¡jlages de sable. Elles sont profondément découpées
et offrent aux navigateurs des havres nombreux, vastes,
commodes et sûrs. L’intérieur des baies présente partout des
t ’oyage de !a Coquille. — HYiiROGHArHiE^ I 4