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Nous y trouvâmes un approvisionnement de bois de construction
assez considérable. Divers chantiers y sont établis, et l’on y
fabrique des planches. On y construit, pour la navigation des
côtes, de petits navires c[ue les Brésiliens désignent sous le nom
de soumacas. De vastes rizières occupent le terrain environnant,
qui est bas et marécageux. Tout auprès est uue charmante
vallée garnie de chaumières entièrement blanches de la cliaux
dout les murs sont crépis, et entourées d’orangeries et de [jlan-
tatious de cafiers. C’est près de là que se jette à la mer la rivière
Biguassa, dontrembouclmre peut avoir de quarante à cinquante
toises de large; elle est navigable pour les bateaux jusqu’à
¡dusieurs lie'ues daus l ’intérieur. Cette rivière, anciennement
appelée Æ'o dos Patos, servait de limite aux Indiens du même
nom, qui s’étendaient jusqu’au Bio Sam-Pedro, et aux Indiens
Carijos, qui occupaient les terres septentrionales jusqu’à
Cannanea.
La côte de l ’ile Santa-Catharina qui forme la partie orientale
de la baie présente le même aspect que celle du continent ;
mais les habitations y sont plus grandes, mieux construites,
et meublées avec plus de luxe : on y voit des défrichements
plus multipliés, des plantations de maïs et de manioc plus considérables
, des rizières plus étendues, enfin des champs mieux
cultivés.
Ifile Santa-Catharina a trente milles d’étendue du Nord au
Sud, sur une largeur de quatre à huit milles (Atlas Hydrogr.,
Pl.]S°lsyi). Sa surface est un composé de montagnes, de plaines,
de lacs et de marais. Elle est arrosée par un bon nombre de
rivières, dont les principales sont le Bio Vermelbo, qui verse ses
eaux à f extrémité Nord de la grande lagune; le Bio Batonos,
(|ui se jette à la mer devant les îlots du même nom , et les Bios
Tavares et Bibeirâo, dont les embouchures sont au Sud de la
capitale, dans la partie méridionale de File.
H Y D R O G R A P H I E , C I IA P . I I I . 81
Le so l, daus l’intérieur de l’ile , est très-humide et d'une fertilité
remarquable ; il consiste princiijalement en une riche décomposition
végétale, sur laquelle croit eu abondance une.
grande variété de plantes. Les myrtes; les jasmins, les rosiers
et les oeillets, répandus avec [irofusioii, exhalent dans les airs une
odeur suave. Des jjalétuviers couvrent les rivages des terres basses
et marécageuses, sur lesquelles on a construit des chaussées
d’une étendue considérable. Ces terrains, à cause de leur humidité,
sont très-favorables à la culture du riz. La végétation est
tellement active, que des massifs de plantes parasites arrêtent,
dans toutes les directions, les pas du voyageur qui cherche
à pénétrer dans les forêts. Diverses espèces d’arbres fournissent
un bois dur et pesant approprié à tous les usages, excepté
à la confection de la mâture des bâtiments. On construit avec
leurs troncs des pirogues d’une seule pièce de cinquante pieds
de longueur et de trois à quatre pieds de largeur.
On récolte principalement du m a ïs , du manioc et du riz.
La canne à sucre est aussi cultivée, ainsi que ia patate douce, le
chou-caraibe, les haricots. Les orangers, les citronniers, abondant
partout. Le cotonnier et le tabac, quoique communs, paraissent
négligés. Le papayer, le bananier, le cocotier, garnissent
les haies des jardms, et l’ananas se montre avec é c la t, au milieu
des enclos, dans toutes les clairières. Des cafiers embellissent
ordinairement les propriétés, où croissent aussi la vigne, le
figuier, le iiêcber et 1 amandier. Les légumes d’Europe sont
encore cultivés dans tous les champs, et il parait qu’ils réussissent
assez bien. Le blé et l’orge croissent dans queh|ues habitations
Parmi les animaux domesti.jues, les bestiaux sont peu nombreux
: nous n’avons jamais rencontré de grands troupeaux de
loeufs et de vaches. Nous n’avons vu qu’un petit nombre de
chevaux, d’ànes et de mulets. Les cochons, au contraire, sont
tres-multipliés, ainsi (jue les volailles, telles que poules, ca-
nards, oies et dindons.
Voyage de la Coquille. — HTtiaoüRAPniE.