(le Peiico, de cette ville qui fut long-temps la résidence des gouverneurs
du Chili, et dont il ne reste plus, parmi ses vestiges,
qu’un fort portant sur un écusson aux armes d’Espagne la date
de i686; une petite église dont la constructiou parait également
très-ancientie, et des portious de murs dont la forme et la
direction attestent encore la régularité des rues et l’emplacement
(les édifices' qu’elle contenait et tels t[u’ils sont figurés
dans le plan que Frezier en a donné eu 1712.
Peu de villes, sur le globe, ont éprouvé plus de catastrophes
(pie celle de Penco, q u i, dans les auteurs, porte aussi les noms
de la Mocha et de la Concepcion. Pedro de Valdivia, après avoir
fondé Santiago et Coquimbo, après s’être emparé des provinces
d’Arauco, de Tucapel, et de Comarcas, jeta les fondements
de cette ville le 5 octobre i 55o. Les naturels tentèrent
d’abord vainement de s’y opposer, mais ayant appelé à leur
secours les Araucaniens et plusieurs autres peuplades de ces
contrées, Valdivia, quoiqu’il poursuivît encore ses conquêtes
pendant deux aimées, ne put résister au nombre des confédérés
que lui opposa l ’intrépide Caupolican: il fut massacré à Paicabi,
le 3 décembre i 5 5 3 , après une bataille sanglante qui détruisit
totalement son armée, et l’année suivante la ville de Penco
fut livrée au pillage et réduite en cendres par les vainqueurs.
Après la défaite de Valdivia, les Espagnols recommencèrent la
conquête du Chili sous le commandement de D. Garcia de Hur-
tado de Mendoza, qui rebâtit la ville en i 558. En 1698, les
Indiens se levèrent de nouveau en ma.sse , commandés par Pail-
lamachu; ils ravagèrent le pays occupé par les Espagnols, et
dans leur triomphe, ils parvinrent à incendier plusieurs villes,
parmi lesquelles était encore Penco. A cette époque, les Espagnols
consternés furent sur le point de renoncer au C h ili,
tant ils avaient de peine â se maintenir contre les agressions
réitérées des indigènes, mais ils reprirent cependant courage
sous Pedro de Viscarra q u i , à la tête d’une armée imposante
, reprit de nouveau l ’avantage sur renuemi. Toutefois, la
ville de Penco, dont les habitants d’A ngol, de Coya et de Canète
vinrent accroître la population, courut encore les chances les
plus alarmantes, jusqu’eu 1608, que Garcia llam ón , nommé
à cette épocjue gouverneur et capitaine-général du Chili, obtint
enfin de la cour d’Es])agne, qu’à l’avenir, uu corps de deux
mille hommes serait maintenu sur les frontières de l’Arauca-
iiie, afin de prévenir tant de désastres. Cette disposition eut un
plein succès, car en i6 i a , les Araucaniens, qui s’étaient jus-
(ju’alors refusés à toute espèce d’accommodement, acceptèrent
enfin les préliminaires de paix ([ui eurent lieu à Paicabi,
où il fut convenu que le Bio-Bio servirait désormais de frou-
tière à leur territoire. Néanmoins, la guerre ne tarda pas â se
rallumer, et fou peut dire quelle ne fut que rarement iuter-
rompue jusqu’à nos jours, mais la ville de Penco ne fut jilus,
depuis cette épotjue, exposée aux fureurs des peu|iles bclli-
(jueux qui l’avaient si souvent détruite; d’autres fléaux devaient
eu consommer la ruine. Les tremblements de terre, non moins
redoutables cjue les Araucaniens, ont souvent troublé la sécu-
l'ité du Chili et occasionné des jiertes considérables à ses habitants.
Celui qui eut lieu en 1780 fit d’horribles dégâts dans
plusieurs villes, notamment, daus celle de Penco, et celui de
1751, auquel il faut ajouter les effets désastreux de rinondatioii
subite des eaux de l’Océan (jui en fut la suite, bouleversa tellement
cette v ille, que ses habitants fatigués de tant de calamités,
se virent enfin dans la nécessité de l ’abandoiiuer.
Ou ue voit plus aujourd’h u i, au milieu des débris de Penco,
([u'uue trentaine de maisons, ou pour mieux dire de cases, qui
attendeut le sort de raucieime cajiitale du Chili. Toutefois ,
les habitauts de cette bourgade nous ont paru plus laborieux et
plus aisés que ceux de Talcalmano. Leurs terres sont mieux