qu’ils se sont fixés sur la rive septentrionale du Bio-Bio, dans
la ville de la Concepcion qu’ils ont fondée à cette épocjue, les
navigateurs préfèrent mouiller à l'extrémité S .O. d e là baie,
dans l’anse de Talcalmano, où l’on est, en effet, un peu plus à
l’abri des vents du Nord.
11 serait important de déterminer avec exactitude la position
des deux hauts-fonds de Marinabo, dont le plus occidental est à
environ uu mille dans le N. E. du village de Talcahuano, et directement
dans le Sud des pointes méridionale et occidentale
de file Quiriquina. Celui-ci n’a tout au j)lus que trois brasses
d’eau sur tovite sa surface. Quant à l’autre, qui est situé entre
le premier et la terre, il découvre de basse mer, et sa position
est d’ailleurs indiquée par les longs fucus qui croissent sur le
fond qui favoisine, et dont les sommités des feuilles s’étendent
sur la surface de l’eau.
Ces deux plateaux, de constitution granlticjue, abritent un
peu le mouillage de Talcahuano lorsque la mer est refoulée
dans la haie par les vents du Nord ; mais si l’on voulait en
faire la hase d’un môle eu pierre q u i, prolongé vers l’Ouest,
viendrait aboutir au rivage de la presqu’île , à un mille environ
au N. du fort Galvez, le port tjui en résulterait pour Talcahuano,
serait évidemment le plus grand et le meilleur de toute
la partie occidentale de l’Amérique.
Nous fîmes notre eau avec facilité. Plusieurs aiguades commodes
se trouvent sur la côte occidentale de la baie. Elles
descendent des ravines ju'ofoudes des montagues qui la dominent.
L’eau est fort bonne et facile à recueillir, en ce qu’elle
s’écoide de divers conduits de bois pratiqués par les habitants,
qui réclament pour ce soin la somme modique d’une ]>iastre;
c’est un droit consacré par l’usage, ct à l’aide duquel ou obtient
toute autorisation pour puiser autant d’eau que la consommation
du bâtiment l’exige.
Le pourtour de la baie, quoique orné de collines verdoyantes,
de jardins, de vergers, dont le terrain annonçait partout un pays
fertile, ne présente que deux bourgades qui méritent à peine d’étre
citées. Une centaine de maisons construites pour la plupart en
argile, quelques unes en bricjues, n’ayant toutes que le rez-de-
chaussée ; trois ou quatre magasins assez vastes et une église
d’une construction grossière , telle est la composition de Talcahuano
, port principal du commerce de la province la plus riche
et la plus fertile du Chili.
Les cabanes des familles pauvres et des pêcheurs qui avoisi-
nent Talcahuano, ne peuvent être comparées qu’aux huttes des
indigènes de la Nouvelle-Hollande. M. Lottin, qui s’est plu à
les examiner, s’exprime ainsi ; « Ces cabanes, où règne la plus
affreuse misère, sont soutenues par plusieurs piquets fichés en
terre, et sont recouvertes par des fagots qui tiennent également
lieu de murailles. Le vent et la pluie y pénètrent aussi facilement
que la v u e , quelquefois même ce faible abri n’existe que
vers le côté d’où vient le vent de la saison. Dans l’intérieur,
uue famille entière s’étend sur la paille, ou bien elle se tient
accroupie autour du feu , dévorant des moules grillées sur le
charbon. »
Deux forts ont été construits pour la défense du mouillage,
mais un seul subsiste encore, c’est celui de San-Francisco, élevé
sur la pointe Sud de fause où se termine la partie orientale du
village. Nous y avons compté huit pièces de canon de différents
calibres. Le fort Galvez, situé sur la pointe Nord de l’anse, à
un demi-mille environ du premier, était désarmé et pour ainsi
dire en ruines à l’époque oii nous y avons établi notre observatoire.
Daus la charmante vallée d’Andalicn, au fond d’une petite
anse semblable à celle de Talcahuano, et à quatre ou cinq
milles daus l’Est de cette dernière, l’on voit encore les ruines
Voyage de la Coquille. — HYDnoGRArHtK. j 8