" ’ «Hte d’une foule d’oiseaux-niouches, bordent les parties latérales
de cet escalier jusqu’au débarcadaire, dont l’emplacement
très-étroit est masqué par une pointe et des rochers de granit.
Trente-deux canons rouilles, de différents calibres, montés suides
affûts délabrés, composaient toute l’artillerie de cette forteresse
quand nous la visitâmes; et cpielques soldats assez mal
vêtus en formaient la garnison.
Durant notre séjour, des commissaires envoyés par dom
Pedro, s’occupaient de prendre des renseignements sur les
moyens de défense que possédait la baie de Santa-Catharina; et
nul doute qu’ils n’aient signalé le mauvais état de toutes les batteries
don ila réparation était d’ailleurs d’autant plus urgente,
qu une guerre prochaine avec le Portugal semblait devoir être
une des conséquences de l’émancipation toute récente du Brésil.
Nous avons eu plus d’une fols l’occasion de visiter les terres
du continent, qui forment la partie occidentale de la baie. L à ,
les côtes sont couronnées de monts élevés, couverts de grands
arbres, et traversées par des sentiers qui conduisent dans l ’iii-
térieur du pays ; des cascades tombent des flancs des montagnes,
et s échappent daus les vallées à travers d’innombrables végétaux
; des rivières, des ruisseaux d’eau limpide d’un cours lent
et monotone, après avoir arrosé des vallons ombreux, de riches
campagnes, vont se perdre dans des marais immenses qui bor-
deiitdiverspointsdu rivage. Une route, tracée sur toute la côte,
mène par mille sinuosités, tantôt sur le bord de la mer, le long
des habitations et des groupes de bananiers, d’o rangers, de
citoimiers et de cafiers qui les entourent; tantôt dans des vallées
solitaires, au milieu d’épaisses forêts, où l’ombre silencieuse
des bois, le murmure d’uiie eau courante, le chant varié des
oiseaux, le bruit des feuilles qui tombent, charment les sens,
éveillent la pensée, rappellent à l’homme et sa grandeur et son
néant.
Plusieurs hameaux et habitations, en général misérables, se
trouvent répandus sur cette côte. On est vraiment étonné de
voir au milieu d'uu sol aussi riche, d'une nature aussi riante,
des cabanes enfumées, étroites, disséminées çà et là sur le penchant
d’un morne, ou au pied de quelque colline, d’où la vue
domine la baie. Elles sont toutes situées en face d’une plage de
sable , où les pirogues, seules embarcations à l ’usage des habitants
, peuvent aborder avec facilité. Leur construction se compose
de forts madriers, dont l’espacement est rempli de terre
glaise. Les toits sont formés de feuilles de palmiers. Contre
toute apparence, ces cabanes sont très-solides, et de légères
réparations suffisent pour qu’elles durent une cinquantaine
d’années. Quelques-unes sont blanchies à la chaux, et ont la
couverture en tuiles ; c’est un signe certain de l’aisance du propriétaire.
Un bosquet d’orangers, des plantations de manioc.
parfois quelques pieds de cotonniers et de cafiers circonscrivent
le petit champ, et fournissent aux besoins journaliers de la vie
conjointement avec la pèche, dont les claies, garnies de quartiers
de poissons exposés au soleil, attestent l ’abondance.
A rO.S.O. et à six milles environ du fort de Santa-Cruz est le
village de Sara-Miguel dont les maisons, en raison de la distance
qui les sépare, occupent un grand développement. L ’aiguade
où les navires font commodément leur eau est à l’entrée de ce
village. La côte présente un grand nombre de sources qui se
rendent à la mer dans des ruisseaux sablonneux et peu profonds,
mais qui ne peuvent servir d’aiguade, quoique leur position
soit à proximité du mouillage.
En continuant de suivre la direction du S u d , on rencontre
un hameau, cpie nous eûmes l’occasion de visiter, en y allant
choisir les jneces de bois nécessaires à nos opérations. Les
maisons, dont quelques-unes sont construites en pierres , sont
largement disséminées sur le bord de la mer auprès d’un ruisseau.
Octobr«
1S23.