Octobre que les navigateurs modernes ont tracées, sans ríen découvrir
dans cette partie de l’Océan Atlantique, devraient cependant
convaincre d’une manière bien évidente que la Trinidad et
l’Ascensâo ne sont qu’une seule et même lie. Les pilotes portugais
qui les ont reconnttes les premiers n’ayant pas, comme
aujourd’hui, les moyens d’en fixer la longitude d’une manière
exacte, et ayant aperçu la Trinidad sous des aspects différents,
en raison du point d’ori ils la relevaient, ont donné lieu à cette
distinction erronée. L ’identité devient palpable, si Ton jette un
coup-d’oeil sur la carte d'Ortelins, publiée en i 6o 3 , et sur celle
de Gérard Mercator de 1606, où les deux île s, placées sur le
même parallèle, sont accompagnées, vers l'Est, de trois îlots
qui figurent clairement les M ar tin -V a z , que l’on trouve en
effet à neuf lieues environ dans l’Est de la Trinidad. Alexo da
Motta, pilote portugais, qui parcourait l ’Océan Atlantique pour
se rendre aux Indes, dès l’an 1612, et qui rédigea le routier de
ces mers en i 65g , tout en reconnaissant l’existence de l’Ascensào,
qu’il avoue n’avoir jamais vue, dit que les pilotes de son
temps trouvaient toujours (jue la distance entre l’Ascensào et
les iles de Tristan da Cunba était beaucoup' plus courte qu’ou
ue l’iudi(jualt sur les cartes; que la même différence était observée
par ceux qui traversaient la partie de mer comprise entre
la même île et le cap de Bonnc-Espéraiice : en fallait-il davantage
pour prouver que l’Ascensào se confondait avec la Trinidad,
([ue l’on prenait pour elle, et d’où l’on partait sans s’en
douter
Lfn voile ténébreux couvre l’histoire de la découverte de ces
iles, qui sont marquées sur les anciennes cartes, même sur celle
ils étaient menacés. Si le désir de se rapproclier des terres du Brésil l’eût porté à
poursuivre sa route ju squ ’à l’Ascensào, il eût infailliblement péri. Cet exemple prouve
combien il importe, non pas de supprimer des cartes les îles douteuses, mais du
moins de les signaler de manière que l’on ne puisse compter sur leur existence dans
un pressant danger.
de Thevet, publiée en iSyS, sous les noms divers de Martin- (JMobie
V a z , d’Ascensào, de Trinidad, de Santa-Maria d’Agosta. Nous
ignorons complètement à quelle époque et par (|ui ces noms
leur ont été imposés ; mais nous avons lieu de croire que ceux
de Martin-Vaz et d’Ascensào sont les plus anciens. Alexo da
Motta est le premier qui ait attribué celui d’Aseensào à Joào
da Nova; mais il n’est pas d’accord en cela avec les historiens
de la conquête des Indes, qui donnent à file vue par Joào da
Nova, en i 5o i , le nom de Conceiçào'. Cette confusion de noms,
et le peu de confiance que méritent les positions géographiques
déterminées par les premiers navigateurs, étaient déjà de fortes
présomptions contre l’existence de l’Ascensào, qu’ont vainement
cherchée Olivier van Noord en iS g g , et Edniont Halley en
1698. Si l’on y ajoute les tentatives infructueuses, mais d’une
certitude plus cligne de confiance, renouvelées par d’Après de
Mannevillette en i y 3 1, par La Pérouse en 1785, par M. l’amiral
(le Krusensteru en 1801, lescjuels, après avoir pris connaissance
de la Trinidad, ont suivi le parallèle de cette île jusqu’à cent
(piatre-vingts lieues de distance vers l’Ouest sans rien apercevoir,
quoiqu’ils missent en panne toutes les nuits, dans la crainte
de manciuer cette terre, il ne restera pas le moindre doute que
l’Ascensào n’a jamais été autre chose cjue la Trinidad. loe sa-
' Les premiers historiens de la conquête des Indes par les P ortu gais, Jerosme
C)sorio et Lopez de Castagneda , qui écrivaient en i 58o ; Barros, en 1628 , et Diego
do Cou to , en 178 1 , s’accordent à dire que Joào da Nova découvrit, en 1 5o i , à 8° sud
de la ligne, une île qu’ il nomma Conceiçào. Alexo da M o tta , dans son R ou tie r de
la navigation des In de s o r ien ta le s , 1609, dit que l’île d e l’Ascensao, pai- 20° sud,
lut découverte par Joào da Nova eu i 5o i . L ’identité du nom du découvi-eur et de
la date semble faire croire que le pilote portugais s’est trompé en plaçant dans les
parages de la Trinidad l’île découverte par Joào da N o va , qui est évidemment celle
de l’A scension, que l’on trouve par 7® 55’ de latitude sud, à deux cent-vingt lieues
dans le N.O. de Sainte-Hélène, c[uoiqueOvington,qui visita celle-ci en i 6q 3, attribue
sa découverte à Tristan da C u iih a , en 1 5o 8.
Voyage d e là Coquille. — llYDROORAPiirE. 9