ii«^ i'
sgo h i s t o i r e
naturalistes désignent à présent sous ce nom
d'amphisbène un genre très-remarquable de
serpens qu'on ne rencontre que dans les
contrées les plus chaudes de l'Amérique, et
que je ferai bientôt connoître. On a aussi
nommé les orvets serpens à deux têtes, parce
qu'on a cru faussement qu'ils avoient une
tête à chaque extrémité de leur corps : l'on
a mente prétendu que, pendant qu'une tête
sommeilloit, l'autre faisoit sentinelle.
Les orvets présentent dans leur conformation
générale une certaine analogie avec
la queue des lézards ; ils sont formés d'anneaux
aussi nombreux que les vertèbres,
et réunis ensemble par une sorte d'engrènement
réciproque des muscles , sans qu'ils
soient liés ensemble par des ligamens ; c'est
ce qui est cause de leur facilité à se rompre
au moindre coup qu'on leur donne. Si l'on
casse leur queue, elle repousse de la même
manière que celle des lézards j mais ce n'est
plus alors qu'un simple cartilage sans vertèbres,
formé seulement par la prolongation
des muscles et de la peau, qui s'étendent
peu à peu jusqu'à la longueur de la partie
détachée. Je conserve un orvet qui m'a été
envoyé de Bordeaux par Rodrigues, fondateur
et directeur du museum d'instruction
f
D E S O R V E T S . 291
publique de cette ville; sa queue paroît
avoir été cassée vers son milieu, et la portion
inféiieure, n'ayant pas été détachée
entièrement, semble comme soudée par un
étranglement à la portion principale. Les
orvets jouissent, ainsi que les amphisbènes
et les cécilies, de la faculté de ramper en
tous sens, soit en avant, soit en arrière.
D'après la forme et l'organisation principales
des orvets, il seroit assez convenable
de les rapprocher des sauriens, ou du moins
de les comparer aux lézards et aux takydromes.
Schneider- nous apprend qu'ils ont
des rudimens de sternum et de bassin; que
leur crâne, très-semblable à celui des lézards,
a un os inter-maxillaire commun, qui soutient
la membrane du tympan recouverte
par les muscles et par la peau écailleuse. Il
y a des conduits demi-circulaires sur la face
externe de l'occiput, et une cavité du tympan
assez grande pour la petitesse du crâne,
selon la remarque de Scarpa. La mâchoire
supérieure n'a pas de branches palatales;
les viscères ressemblent à ceux des lézards.
On voit un double poumon; des intestins
un peu roulés et non droits ; un ovaire
double dans la région inférieure de l'abdomen
; des côtes prolongées jusqu'à l'anus. Il
T 3
s i"
i