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leur devient cendrée blanchâtre en dessous}
d'un cendré teint de biunâtre en dessus,
avec des bandes brunâtres, irrégulières et
nombreuses dessus les membres : c'est ce
que j'ai remarqué sur trois des individus
qui sont conservés au museum d'histoire
naturelle.
Selon Bruguière, les halntans de Madagascar
ont ce gecko en horreur : dès qu'ils
en aperçoivent un, ils se détournent, se
couvrent les yeux, et fuient avec précipitation.
Flaccourt prétend qu'il est très-dange-^
reux, qu'il s'élance sur les nègi-es, et qu'il
s'attache si fortement à leur poitrine (i) par
le moyen de la membrane frangée qui
règne de chaque côté de son corps, qu'on
ne peut l'en séparer qu'avec un rasoir.
Bruguière n'a rien vu de semblable ; il assure
que les geckos à tète plate ne sont point
venimeux; il en a souvent piis à la main;
ils lui serroient les doigts avec leurs mâchoires,
sans que jamais il lui soit survenu
aucun accident. Il est tenté de croire que la
peur que cet animal inspire aux nègres,
(i) Famocantrata , nom que l'on a donné à ce
gecko clans l'île de Madagascar , signifie qui saute à la
poitrine.
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tient de ce que ce saurien ne fuit point â
feur approche, et qu'au contraire il-va
toujours au devant d'eux la gueule béanle>
quelque bruit que Ion fasse pour le détourner;
c'est ce qui l'a fait nommer par les
matelots français le sourd-, nom que Ton a
donné aussi dans quelques provinces de
France aux salamandres.
Bruguière assure que ce gecko vit ordinairement
sur les arbres, ainsi que le caméléon;
qu'il s'y retire dans des trous, d'où
il ne sort que la- nuit et dans les tems pluvieux.
On- le voit alors sauter de branche
en branche avec agilité ; sa queue lui sert à
se soutenir; quoique courte, il la replie autour
des petits rameaux,- s'il tombe à terre,
il ne peut plus s'élancer; il se traîne jusqu'à
Farbre qui est le plus à sa portée ; il y
grimpe, et y recommence à sauter de
branche en branche. H marche avec peine,,
ainsi que le caméléon ; et ce qui paroît
devoir ajouter à la difficulté avec laquelle
il se meut, c'est que, suivant la juste remarque
de Lacépède, ses pattes de devant
sont vplus courtes que celles de derrière,
ainsi que dans les autres sauriens, et que
cependant sa tête forme par dessous un angle
avec le corps, de telle sorte qu'à chaque-
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