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A cause de ces doigts divisés en deux
paquets à chaque pied , on reconnoît aisément
que le caméléon peut saisir les branches
sur lesquelles il aime à se percher, eu
tenant un paquet de doigts devant et l'autre
derrière, de même que les perroquets et
d'autres oiseaux grimpeurs. D'après cette
disposition i-emarquable des doigts, le caméléon
ne doit pas marcher sur terre ; c'est ce
qui fait qu'il ne peut courir, et qu'il habite
de préférence sur les arbris, où il grimpe
avec d'autant plus de facihté que sa queue
ést longue et douée d'une assez grande force;
il la replie, ainsi que les sapajous ; il en
entoiire les petites branches , et s'en sert
comme d'une cinquième main pour s'empêcher
de tomber j ou pour passer avec
facilité d'un endroit à un autre (i). Belou
cinq doigts séparés ; mais alors ils ont voulu parler
de plusieurs sauriens très-différens qui ont la faculté
de changer de couleur, enlr'autres des anolis et de
quelques agames.
(i) Les Laies , qui sont des jardinages auprès du
Caire, sont en tous lieux couvertes de caméléons,
et principalement le long des rivages du Nil ; en
sorte qu'en peu de tems nous en vîmes grand
nombre : car les vipères et les cérastes les avalent
entiers , quand elles les peuvent prendre ». ( Belon
•Observations, etc. liy. 2 , ctap. 34.)
prétend
D E S CAMELEONS. 195
prétend que les caméléons se tiennent ainsi
perchés sur les haies pour échapper aux
vipères et aux cérastes , qui les avalent tout
entiers lorsqu'ils peuvent les atteindre; mais
il leur est assez difficile de se dérober de
même à la mangouste et aux oiseaux de
proie qui les recherchent.
Le caméléon habite au milieu des forêts
et sur le sommet des arbres ; oii ne le voit
pas s'élancer avec rapidité, comme les dragons
, de branches en branches ; mais c'est
toujours avec lenteur qu'il va d'un rameau
à un autre ; et il est plutôt dans les bois en
embuscade pour retenir les insectes qui
tombent sur sa langue gluante, qu'en mouvement
pour aller les surprendre (1).
Les habitans de l'Egypte voient avec plaisir
dans leurs maisons cet innocent animal : il est
si doux, qu'on peut, suivant Prosper Alpin,
lui mettre le doigt dans la gueule, et l'enfoncer
très-avant sans qu'il cherche à mordre; et
Desfontaines, professeur du Jardin des plantes
de Paris, qui a observé les caméléons en
(1) Hasselquist a trouvé , dans l'estomac d'uu
caméléon, des restes de papillons et d'autres iusecte»,
(Hasselquist, Voyage en Palestine, p. 34g.)
Reptiles. Tome IV. N
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