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membrane mollasse comme ceux des tortues
marines, des iguanes , etc. ; ils ont à
peu près sept ou huit lignes dans leur plus
grand diamètre. Je me suis convaincu de .
ces faits ; f ai observé aussi des oeufs de caméléon
dans diverses collections; mais je
crois pouvoir révoquer maintenant en doute
s'il y a réellement dans l'Amérique méridionale
une véritable espèce de caméléon.
I l est certain que les animaux , renfermés
dans ce genre, existent en Afrique, à Madagascar,
à Ceilan et dans diverses parties
des Indes orientales ; mais il est certain aussi
que le nom de caméléon sert à désigner, dans
toutes les parties de l'Amérique, les espèces
d'anolis et d'agames qui ont la faculté de
changer de couleurs. J'ai chei-ché dans tous
les auteurs qui se sont occupés de l'histoire
naturelle de l 'Amérique, si je pourrois trouver
quelque description propre à un vrai
caméléon; et ce n'est que dans l'ouvrage de
Félix d'Azara, sur les quadrupèdes du Paraguay
, que j'ai rencontré une indication
d'un saurien qu'il nomme càméléon second,
et qui a la qUèue prenante. Mais, comme
cet animal n'est pas décrit avëc assez de soin,
ni d'une manière assez étendue, j'ai préféré
mettre ce saurien parmi les agames, dans
D E S CAMELEONS. 199
«ne section particulière , en attendant que
j'aie reçu de quelques voyageurs des renseignemens
positifs sur cet objet.
Le caméléon ordinaire habite en Syrie ,
en Egypte , en Barbarie et dans diverses
autres parties de l'Afiique , voisines de ces
contrées. Les arabes le nomment taitah et
bouiah : ils en font sécher la peau et ils la
portent au cou, ainsi que les maures, selon
le témoignage du voyageur Shaw , dans , la
persuasion que cette amulette les garantit
des influences d'un oeil malin (]).
Plusieurs naturalistes modernes, entre
autres Daubenton et Lacépède, ont regardé
comme appartenans à une seule espèce, tous
les caméléons déjà connus : j'ai observé déjà
un certain nombre de ces animaux dans diverses
collections d'histoire naturelle, je les
ai soigneusement comparés entre eux, et je
suis convaincu que Linnseus et Gmelin n'ont
pas eu tort d'en distinguer plusieurs espèces;
et même je dois ajouter que j'ai cru nécessaire
d'augmenter le nombre de ces espèces,
ainsi que mon collègue Latreille l'a fait pré-
(i) Voyage de Shaw dans plusieurs provinces de
la Barbarie et du Levant ; à la Haye , 1743 ? torn. I ,
pag. 323.
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