n o HI S T O I R E
rencontre dans les maisons, où il inspire
une grande frayeur à cause de son hideux
aspect , et du mal qu'on éprouve lorsqu'il
s'applique sur quelque partie nue du corps.
Les anciens auteurs, qui ont fait mention
de ce reptile, se sont trop fiés aux contes
exagérés que débitent les égyptiens sur le
venin du gecko. Ce n'est ni par sa morsure,
ni par sa salive, ni par son urine qu'il est
nuisible ; Hasselquist est le premier naturaliste
qui ait donné des détails exacts et
vraisemblables sur ce fait. Voici comment
il s'exprime.
« Le gecko est très-commun au Caire,
tant dans les maisons qu'au dehors. Le venin
de cet animal a cela de singulier, qu'il
s'exsude des lobules des doigts. Le gecko
cherche tous les endroits et tous les objets
imprégnés de sel marin, et laisse, en passant
plusieurs fois dessus, ce venin dangereux.
Au mois de juillet lyôo, je vis deux
femmes et une fille au Caire, qui pensèrent
mourir pour avoir mangé du fromage sur
lequel cet animal avoit répandu son venin.
J'eus occasion une autre fois, au Caire, de
me convaincre de l'âcreté de son venin,
comme il couroit sur la main d'un homme
qui avoit voulu l'attraper. Sa main se cou-
D E S G E C K O S . m
vrit à l'instant de pustules rouges, enflammées
et accompagnées d'une démangeaison
pareille à celle que cause la piquure de l'ortie.
Il coasse la nuit à peu près comme la grenouille
(i)».
Les naturalistes français, qui ont voyagé
récemment en Egypte, ont confirmé le témoignage
d'Hasselquist. Les égyptiens savent
eux-mêmes que le gecko produit des
rougeurs et des démangaisons sur la peau ;
car ils nomment ce hideux animal abu burs,
ce qui signifie le père de la lèpre ou qui
engendre la lèpre.
Forskoel, dans sa Description des animaux
de l'Egypte, fait aussi remarquer que
le gecko reste caché et engourdi sous les
toits des maisons pendant l'hyver, et qu'il
se promène contre les murs pendant l'été.
C'est vers le milieu du mois de mars qu'il
commence à paroître. Lorsqu'on coupe la
queue à un individu vivant, elle continue
à se mouvoir durant une demi-heure. On
assure en Egypte que les chats poursuivent
le gecko, et s'en nourrissent. On l'écarté des
cuisines, en y conservant beaucoup d'ail.
(i) Linneens dit que son cri ressemble à la strideur
d'une belette ; d'autres prétendent que son cri peut
être rendu par les syllabes gee-ha.
V'i:
Ir m
ill i'