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des autres animaux lui tracera des modèles
de conduite ; quelques - uns , au contraire ,
lui présenteront, par leurs habitudes perfides
et sanguinaires, les vices sous leur plus
hideux aspect ; d'autres lui fourniront, par
la singularité de leur conformation, et par
des facultés qui leur sont particulières, un
moyen d'éclairer ses semblables sur leurs
propres défauts , en employant des comparaisons
peu choquantes, en recourant enfin
à l'apologue et même aux métaphores. C/est
ainsi que, depuis très-long-tems, ou a comparé
l'homme rusé au renard , l'adroit au
singe, l'ennemi de la civilisation à l'ours,
et le féroce au tigre. Les anciens ont prétendu
que le caméléon pouvoit changer de
forme, qu'il n'avoit pas de couleur constante,
et qu'il prenoit celle de tous les^
objets qu'il approchoit : frappés de la ressemblance
des variations de ce reptile à la
vile manie de dilïérens êtres couverts du
masque de l'hypociisie, ils ont cru voir en
lui, selon le professeui- Lacépède, le portrait
de ces flatteurs, hommes bas et rampans,
qui, n'ayant jamais d'avis à eux , se pliant à
toutes les formes, embrassant toutes les opinions
, ne se repaissent que de fumée et de
yaixis projets. Les poëtes sur-tout ont paré
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dés charmes d'une imagination vive les diverses
comparaisons tirées d'un animal aussi
extraordinaire par ses diverses fiicultés. Ces
images agréables ont été copiées, multipliées,
animées par les beaux génies des siècles les
plus éclairés.
Le caméléon ordinaire parvient quelquefois
jusqu'à près d'un pied et demi de ton-'
gueur totale, et sa queue occupe toujours
environ la moitié de cette longueur. Les
membres sont à peu près égaux , et sont
longs de trois pouces à trois pouces et demi,
eii y comprenant les cinq doigts de chacun,
qui sont courts et réunis en deux paquets.
La tête , assez grosse et raccourcie , est
aplatie en dessus, vers la partie antérieure
et sur chaque côté des mâchoires; deux carènes
comprimées., élevées et simplement
tranchantes, partent du museau, passent
presque immédiatement au dessus des orbites
, courent dans la même direction, et
vont de là se réunir derrière la tête, à l'ex-'
trémité d'un gros tubercule, qui imite en
quelque sorte un capuchon pyramidal à
quatre faces, et non à cinq faces , comme
l'a cependant écrit le professeur LacépèdeJ
Une troisième carêne oti crête tranchante
prend naissance au milieu de la tête ; une
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