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3 8 0 H I S T O I R E
i L E SCINQUE
A SEPT RAIES E T A QUEUE NOIRE,
D E L ' INDE (i).
L o r s q u e Van-Ernest parcouroit Fin térieur
de l'ile de Sumatra, et qu'il s'occupoit
d'y recueillir des plantes et des insectes
pour envoyer en Europe à ses amis, et
contribuer par conséquent aux progrès de
l'histoire naturelle, il fit un jour une excursion
assez profondément dans l'intérieur
d'une forêt, et il y fut témoin d'un combat
singulier entre une couleuvre, longue de
trois pieds, et deux petits lézards scinques.
Voici comment ce naturaliste rend compte
de ce fait :
« 3'avois déjà beaucoup souffert à cause
de la chaleur excessive, et sur-tout par
l'importunité d'une multitude innombrable
(1) Scincus melanurus ; corpore suprà cinereo pellucente
lineis seplem longitudinalibus flavidis , suhtiis
jlaveseente, caudâ tereti duplo longiore et nigra.
Le scinque à queue noire. Vati-Ernest, note manuscrite
corn muni quóe.
D E S S C I N Q U E S. s8i
de petits moustiques, dont la piquure me
causoit de violentes démangeaisons ; je cherchai
alors un abri sous un grand arbre,
afin de m'y reposer un peu de ma fatigue
et pour éloigner de moi les moustiques,
jiarce que ces insectes n'osent rester à
l'ombre, ni au frais sous les arbres. Je ne
tardai pas à trouver l'abri que je desirois
dans un bosquet formé par des groupes de
})almiers, de cocotiers et d'arbustes de différentes
sortes. Quelques minutes après que
je me fus assis à l'ombre, et tandis que
j'étois occupé à ranger plusieurs plantes dans
ma boîte de fer-blanc, j'entendis quelque
chose se remuer avec précipitation dans un
tas de feuilles et d'herbes sèches, et assez
près de moi,- je fixai aussitôt mes regards de
ce côté , et j'entrevis bientôt deux petits
lézards qui couroient çà et là parmi ces
feuilles et ces herbes, en y formant des circuits
dans tous les sens, en s'y agitant avec
des mouvemens convulsifs, et cependant ils
paroissoient retenus dans cet endroit, comme
par un pouvoir magique : je me rappelai
aussitôt ce que les voyageurs ont écrit sur
la faculté que les serpens ont de charmer
les petits animaux, et je soupçonnai alors
qu'un sei-pent, peut-être dangereux, pour