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e t qu'il doit aussi durer long-temps. Comme cet engourdissement, doux p eut - ê t r e , mais
sans expression et sans chaleur, contraste bien avec les agitations effrénées des quadrupèdes
pendant leur rat, avec la jouissance momentanée des oiseaux que frappe d'un coup
rapide la commot ion de l'amour ! et combien est riche et féconde cette source de la vie
•oij se régénéré sans cesse la nature, au milieu des langueurs, des transports et des aiguillons
du plaisir !
L'oesophage des poissons est court et susceptible d'une grande dilatation. 11 est fortifié
, dans plusieurs especes, par des bandes musculaires longitudinales très fortes. Les
poissons avalent quelquefois des aliments d'un très grand volume. Dans
tomac offre une cavité très distincte du boyau, les intestins fc
•plus étendues et plus nombreuses.
Í dont l'c
nent des circonvolutio:
Le squelette des poissous est composé de cartilages ou d'os que réunissent des ligaments
très serrés. On n'y voit point d'articulations composées de cavités et de têtes arrondies.
Leurs os se joignent par des facettes diversement combinées entre elles. Dans
quelques especes de silures, ils représentent des cercles passés 1'
•niere des chaînons.
, Celles de l'abdomen,
lent dans la plupart, et
a comparées avec raison
Les nageoires des poissons leur tiennent lieu d'extrémités,
dans l'autre à k ma-
presque toujours au nombre de deiex, se meuvent horizontalem
elles servent à soutenir l'animal à une certaine hauteur. Linné les
aux pieds, dont elles ont quelques usages. Celles de la poitrine sont employées pour faire
tourner le coi-ps auquel l'impulsion est donnée par l'aileron de la queue. Les nageoi
du dos et de l'anus maintiennent l'équilibre ; et M. Broussonuet s'est
recherches très completes dans ce genre , qu'elles sont toujours proportionnées au volume
r d e s .
des parties antérieures du coips de l'animal, et qu'elles servent aussi, dans quelques
uns , en augmentant la surface des régions postérieures, à rendre la force d'impulsion
plus grande. Mais, quelque i]npo«ants que soient ces usages, quelque frappants qu(
soient les rapports des nageoires avec les extrémités des quadrapedes, on ne doit pas sf
permettre, à l'exemple d'un auteur moderne, de donner h
is de clamcuhs, d'omo-
3nt bien loin d'avoir ce degré de
ainbes ces os, dont il est évident
-f)lates et d'oj des îles, aux os.selcts de ces organes, qui
perfection et de mobilité que donnent aux bras et aux
-que la iîunille des poissons est dépourvue.
Le physiologiste, dont nous essayons ici de diriger l'étude , n'eubliera, dans ses
-J»lvp'il' travaux, ni les insectes, qui paroissent plusieurs fois sur la scene du monde, toujours
différents d'eux-mêmes, et dont la vie est un tissu de merveilles et un continuel déguisement
; -ni les crustacées , analogues aux insectes, dont les os recouvrent aussi les
muscles, et qui, se dépouillant chaque année de leur squelette entier, de la membrane
interne de l'estomac, et de la tunique extérieure des yeux, semblent avoir été
condamnés à partager leur existence entre les embarras d'une enveloppe C[ui se rèfuse
à leur accroissenrent, et les injures auxquelles la mollesse et la nudité les exposent ; ni
les vers des coquillages, dans lesquels tout l'ordre des visceres connus est dérangé,
dont les yeux et le cerveau ont une mobilité bizarre , do
ut les trachées servent à la fois
à la re.spiralion et à la sortie des excréments , qui , poui
vus d'une trompe, sont la plu-
part canu\ ores, et sinon cruels, au moins très voract
;s ; dont la reproduction offre
S U R L' A N A T O M I E. 4S
toutes les combinaisons possibles des sexes, et qui ont tous cela de commun , qu'ils
voient chaque année s'accroître le volume et l'éclat de leur demeure, en même temps
que leur fardeau s'appesantît. Le physiologiste n'oubliera point le coeur, organe central
des méduses, les Jils vibrants de ces mollasses, les piquants, les trompes ni la bouche
des oursins, ni le panache frangé des argus, ni ces vers qui, sous la forme d'un
outre, cachent des entrailles et un coeur. Il considérera les animaux que la nature a destinés
à vivre aux dépens des autres et qu'elle a mis à l'abri de toute injure en les logeant
dans la profondeur des organes oir ils naissent, se développent et meurent. Il s'arrêtera
à l'aspect de la famille nombreuse des polypes, dont les individus éminemment contractiles,
tantôt séparés, tantôt réunis, semblent n'être composés que de bras pour saisir leur
proie et d'un estomac pour s'en nourrir. A l'aide de la loupe, il retrouvera dans le monda
microscopique ce qu'il aura déjà vu, des atomes vivants qui s'agitent, s'attaquent, se
repoussent, se dévorent et se reproduisent. Enfin, il comparera tous les êtres animés
avec les végétaux, que je définis, poiu- met t r e le complément à ce système, des corps vivants
dans lesquels la substance ligneuse tient lieu de squelette, dont les sucs pompés
par des vaisseaux capillaires circulent et s'assimilent, où il se fait des sécrétions, une
sorte de respiration, et qui engendrent , mais qui sont dépourvus de coeur, qui ne digerent
point, et qui n'ont ni sensations, ni mouvement s spontanées.
Voilà sous quels rapports j'ai vu le regne vivant. N'observer , ne décrire qu'un animal
c'est, me suis-je di t , ne tracer qu'un portrait, c'est n'étudier qu'un genre. J'ai osé concevoir
le plan d'un tableau ; j'ai marqué les principaux traits qui m'ont paru devoir entrer
dans sa composition, et j'aiiiuliqué les divers genres anatomiques, dont il me semble que
la connoissance approfondie dévoileroit celle du système entier de ces corps.
Ceux qui parcourront les tables oii j'expose ces résultats de mes recherches, remarqueront
que le nombre des individus tirés de la classe des vers y surpasse celui des
animaux plus volumineux dos premieres divisions. C'est que la structure de ceux-ci
peut être facilement déterminée, tandis que les autres échappant au scalpel par leur petitesse,
il faut les considérer en famille pour suppléer , par le nombre des observations
faites à l'extérieur de chacun d'eux, à ce que la dissection nous dévoileroit, si elle étoit
possible, sur le mécanisme de leurs organes.
Lorsqu'un animal ou quelqu'un de ses visceres a été préparé par la dissection, il y a
deux moyens de le rendre utile à l'enseignement et aux progrès de l'anatomie. Le premier
est de le conserver dans un cabinet, le second est de le décrire.
Voir et décrire sont deux choses que chacun se croit en état de faire, et dont cepen- Dam .¡,
dant peu de personnes sont capables. La premiere suppose une grande attention et des """" "
lumieres acquises dans le genre auquel appartient l'objet que l'on observe. La seconde
exige de la méthode et la connoissance des termes propres à donner une idée exacte de
ce que l'on a vu.
Avant Vesale, Galien et Sylvius sont peut-être les seuls anatomistes dont les descriptions
puissent être citées avec éloge ; encore le p remier est-il souvent diffus, et le second
quelquefois trop aljrégé. Vesale n'a point mérité ces reproches. Plusieurs ont mis
comme Rîolan, l'érudition à la place des connoissances exactes. Mais c'est sur-tout dan^
les écrits de Stenon, de Malpighi, de Heister, de Winslow, d'Albinus e t d e Ben
T o m e l . Discours.. :rtin, qu'il