l a D I S C O U R S S U R L ' A N A T O M I E
•susceptible de la démonstration la plus rigoureuse ( i ) , que l'extrémité supérieure de .
l 'homme ou antérieiu-e des quadrupèdes correspond, dans tous ses points, à l'extrémité
inférieure ou postérieure du coté opposé. La Nature paloît donc suivre un type ou modele
général, non-seulement dans la structure des divers animaux, comme je l'ai déjà dit,
mais encore dans celle de leurs différents organes ; et l'on ne sait ce que l'on doit le plus
admirer, ou de l'abondance avec laquelle ses formes paroissent variées, ou de la constance
et de l'espece d'uniformité qu'un oeil attentif decouvre'dans l'immense étendue de
ses productions.
Après avoir tracé la mai-clie que j'ai suivie, et que je continuerai de suivre dans l'examen
anatomique des animaux, qu'il me soit permis de faire connoître le plan que j'ai
adopté, pour rendre un compte facile de l'état actuel de la science, et pour déterminer
ce qui reste à faire dans cette étude. Chaque Auteur a rédigé ses travaux suivant une méthode
qui lui étoit propre; quelques uns même semblent ne s'en être fait aucune : j'ai
pensé que toutes ces descriptions ne seroient utiles qu'après avoir été réduites à la même
exposition; c'est ce que j'ai exécuté dans des tableaux (2) où, chacun des différents organes
occupant une colonne particulière, la comparaison se fut par la seule inspection des sections
correspondantes que le lecteur peut combiner de toutes les manieres dont il a besoin
pour travailler à son insti'uction ou satisfaire à sa curiosité. L à , toutes les observations de
Perault, de Duverney, de Collins et de M. d'Aubenton sur les quadrnpedes et sur les
oiseaux; toutes celles de Charas, de Roesel et de M. l'Abbé Fontana sur les reptiles; de
Ray, de Willugby, d'Artedi et de M" Gouan et Broussonnet sur les poissons : là toutes
les découvertes de Swammerdam, de Malpighi, de Réauniur, de M'' Geoffroy, Bonnet
etLyonnet sur les insectes : là enfin les curieuses recherches de Willis, d'Ellis, de Donati,
de Tr embl ey, de Bacher, de Baster, de Boadsch, de ForsKal, de M" Adanson , Muller,
Pallas, Spalanzani et Diquemare sur les vers, les polypes et les zoophytes, se présenteront
dans le même ordre; elles y seront facilement et promptement comparables entre
elles, et , ainsi rapprochées, elles acquerront une nouvelle clarté pa r l a lumiere qui résultera
de leur union.
A ce travail, à ces secours, j'ai joint celui des planches anatomiques; j'espere qu'elles
pourront suppléer, pour un grand nombre de personnes, à l'avantage que l'inspection
des pieces et l'examen des objets eux-même s offi-ent dans l'étude des autres sciences
à ceux qui les cultivent; elles sont d'ailleurs nécessaires à ceux mêmes qui sont le plus
versés dans la connoissance du corps humain.
L'exécution d'un projet de cette nature exigeoit le concours d'un Artiste habile, courageux
etpatient. M. Briceau, qui me seconde dans cette enti'eprise, réunit ces différentes
qualités : ses dessins ont mérité l'approbation des Anatomistes les plus célebres. Aucun
obstacle ne l'a rebuté, ni les dangers qui résultent d'un séjour prolongé long-temps au
milieu d'exhalaisons putrides, ni le dégoût d'un spectacle auquel il n'étoit point accoutumé
; il a corrigé et recommencé ses dessins avec une docilité extrême et autant de fois
qu'il a fallu pour paiTenir à imiter la nature. Jusqu'ici les objets ont été mesurés dans
(1) Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences, année «774-
(2) L e volume qui contiendra ces tableaux, précédés d'un discours destiné à en faire connoître le plan et les résultats,
devra Í í re placé en tÔLe de la colleclion dont je publie aujourd'hui le premier cahier.
E N G É N É R A L .
toutes leurs dimensions, et représentés dans la grandeur qui leur étoit propre, règle que
nous suivrons avec scrupule, excepté dans les seuls cas où nous aurons à faire voir de très
grandes masses. On s'est efforcé de donner à chaque organe le ton de couleur qui lui est
particulier, en employant un nombre sufEsant de cuivres.
De s planches finies avec un aussi grand soin auroientperdu une partie de leur netteté
par l'addition des lettres ou chiffres nécessaires, souvent en très grand nombr e , pour
l'explication des figures : nous avons évité cet inconvénient en ajoutant à chaque planche
coloriée une autre planche dans laquelle on ne trouve que le trait, sur lequel sont distribuées
les différentes lettres de renvoi. On indiquera celles des figures dans lesquelles
on se sera écarté des proportions naturelles ; on en déterminera avec précision les différenc
e s ; et afin que les planches puissent suppléer, autant qu'il sera possible, à la dissection,
elles seront rangées dans l'ordre suivant lequel les organes se présentent et Se recouvrent
successivement les uns les antres.
On peut diviser en deux classes bien marquées les planches pubhées jusqu'ici par les
Anatomistes. L a plus ancienne, qui est aussi la plus nombreuse, comprend celles où l'on
n'a dessiné qu'une partie isolée et détachée de toutes celles qui l'environnent ; ainsi les
figures dans lesquelles Vieussens a décrit les nerfs offrent des ramifications qui ressemblent
plus ou moins à des racines ou à des branches d'arbres ; les autres, exécutées par des
Ai-tistes plus habiles, dirigées par des vues plus saines, représentent les visceres et les
différentes régions des organes avec tous leurs rapports et connexions : ce genre est le
plus difficOe ; mais il estle seul qui puisse rendre de véritables services àl'Anatomie. Haller,
Albinus, Santorini, Me cxe l , Zinn, Hunter, M»Camper , Walter, etquelques autres, l'ont
employé avec un grand succès, et ils en ont fait sentir tous les avantages; c'est aussi celui
que j'ai adopté.
Il suit de ces réflexions que ni les planches dEus tachi , ni celles de Willis, ni celles de
Vieussens, ni tant d'antres du même genre, quoique louables sous plusieurs rapports, ne
peuvent être insérées dans cet Ouvrage. 11 n'en est pas de même de celles qui ont été
publiées par les modernes; plusieurs sont aussi parfaites qu'on puisse le desirer, et très
propres à orner ma collection ; j'ai fait un choix de celles que je crois être dans ce cas ;
elles seront distribuées, avec les noms de leurs Auteurs, dans les places qui leur conviendront
le mieux, et je remplirai par de nouvelles planches toutes les lacunes qui pourront
se trouver entre elles. J'avoue que, sans ce secours, le projet que j'annonce excéderoit
beaucoup la mesure de mes forces, etque je désespérerois de pouvoir le conduire à sa fin.
A la vérité il y a un grand nombre de parties du corps humain dont les détails n'ont
point été dessinés dans des planches que je puisse employer; tels sont le cerveau , le
cervelet, une partie des visceres de la poitrine, ceux du ventre, une partie des nerfs et
des vaisseaux lymphatiques, les glandes en général, les aponévroses, les membranes. Ces
organes seront représentés dans des planches absolument nouvelles; mais les os , les
muscles, les vaisseaux sanguins, quelques uns des organes des sens, Vuterus et ses annexes
n'exigeront de ma part que le soin et l'attention nécessaires pour adapter à mon travail
celui des Anatomistes qui m'ont précédé.
L e recued que je propose, contenant les plus belles planches des Anatomistes modernes,
suppléera donc, au moins en partie, à leurs collections : on y trouvera rangés, suivant