D I S C O U R S
L e s a s du mé t a c a ipe et du métatar se sont donc , c omme les doi g t s , au n omb r e de c inq
dans l 'homme , dans les s ing e s , dans les ma i ds , et dans plus ieurs autres f i s s i pede s ; au
« omb r e de quat re bi en distincts dans le sangl ier , et en général dans les bi sulques sans
canon ; au nombr e d e qua t re, dont les deux moyens sont r é uni s , dans les bi sulques à
c anon ; enf in au nombr e de trois dans les sol ipedes tels que le cheval.
L' e x amen des dent s est encore un objet d e r e che r cha s c ommun à ceux qui cultivent
r i i i s toi re naturelle et l ' anatomie, et sans lequel on ne peut avoir qu'une connoi s s anc e
imparfaite des animaux. L e s anciens regardoient les dent s c omme d e s o s d'une nature
par t icul ière : elles joui s sent , di soient - i l s , d'une sorte de sens ibi l i té, pui sque l ' impres s ion
du f roid et du cliaud s 'étend jusqu'aux nerfs dont leurs cavi tés sont rempl ies . Servons -
nous de c e caractere pour distinguer les dent s des animaux en deux grandes classes. Da n s
la premi e re seront compr i s e s les dent s propr ement di t e s , qui sont impl antées dans de s
alvéoles et qui reçoivent des nerfs et des vaisseaux. On doit rappor ter à la s e c onde classe
les dent s aiguës ou épineuses des poi s sons , qui font ooips avec les os maxillaires, dans lesquel
les on ne trouve point de cavité ( j ) nerveuse ou vasculai re, et qui , n'ayant aucun
-usage relatif à la mas t icat ion, ne servent qu'à retenir et à tuer la proi e dont l'animal so
nourrit (2). Qu e l q u e s quadrupede s , tels que le pangol in, le pha t agin, le tamanoir et le
'fourmilier, sont tout-à-fait dé,pourvus de dent s ; ils ne triturent point les a l iment s , q u e
l'on retrouve entiers dans leur es tomac. L e s mâchoi res de l 'éléphant ne sont a rmé e s que
d e dix dent s ( 3 ) , en compt ant ses défenses . L e rat n'a que seize dent s ; l'ai, que dixhui
t ; le po r c - épi c e t l ' a gouty, q u e v i n g t : on en trouve vingt-deux dans le pol a touche. L e s
nombr e s de 3 2 , 28 et 26 dent s , sont les plus répandus pa rmi les quadrupedes . L e s s inges
en ont t rente-deux, c omme l 'homme . On voit ce nombr e augmenter dans la belet te et
dans le ba rbi - rous s a , qui en ont trente-quatre : dans le mo c o c o , le sajou et l'hérisson, qui
en ont trente-six ; dans l 'our s , qui en a t rente-hui t ; dans le cha c a l , qui en a qua r ant e ;
dans le chi en, qui en a qua r ant e -deux ; dans la taupe et dans le sangl ier , qui en ont quar
ant e -qua t r e ; enfui d a n s l ama rmo s e , qui en a cinquante. L e s nombr e s 12, 14, 415, 48, ne
sont ceux des dent s d'aucun quadrupède connu ( 4 ) .
M. Brous s onne t , qui a fait des recherches très étendues sur la s t ruc ture, les usages et
la comparai son des dent s des différentes classes d'animaux ( -5) , a obs e rvé que leur forme
varie moins dans les quadrupede s herbivores que dans ceux qui s e nourrissent de cha i r ;
q u e , dans ces dernier s , elles sont ti'cs blanches et très pol ies ; qu'elles sont jaunâtres dans
l e s quadrupedes qui rongent des é cor c e s , et noirâtres dans ceux qui se nourrissent de
végé t aux, qu'ils sont obl igés de mâcher l o n g - temps avant de les ava ler ; que les dent s
molair-es des ruminant s sont toujours recouver tes d'une couche de mat iere luisante noi re
et s embl abl e à l'eiîduit extérieur des bé zoa rds ( 6 ) ; enfin que, dans plus ieurs quadrupede s
herbivores, tels que les rat s , le cas tor, l 'hippopot ame et l ' é l éphant , l 'émail, au Heu de s e
borne r à l'extérieur de la dent , c omme on le voi t dans l 'homme et dans les carnivores ,
(1) Si cette cavité existe dans quelques une s , elLe est
au moins très petite.
( 2 ) Voyez le second mémoire de M. Broussonnct sur
les dents dus reptiles e£ des poissons.
( 3 ) L e petit nombre des dents de cet cinimaî est suppléé
par la grande étendue de diacune d'elles.
(4 ) Cel te remarque Bst extraite des leçons de M. d'Aur
Lentoti.
( 5 ) Mémoir-e sur les dents de l'homme et des autres
animaux, comparées entre elles.
( 6 ) Ccue remarque appai tient à M. d'Aubenton.,
S U R L ' A N A T O M I E ,
s 'enfonce dans l'intérieur sous k forme de l ames verticales qui dépa s s ent la couronne et
s ont expos é e s aux divers f rot tement s de la mas t icat ion ( i ).
S i , après avoir cons idéré les dent s en g éné r a l , nous examinons leurs divers ordres
dans chaque classe d e quadrupedes , nous appe r c evrons que leurs di f férences cons t i tuent
les caracteres les plus sûrs dont le naturaliste pui s s e faire usage. Qu o i de plus c ons t ant ,
en ef fet , que la st ructure des dent s inci s ives , qui sont au nomb r e d e quat re dans l e s
mâchoi res de l 'homme et du s inge , au nombr e d e deux dans celles des rats , au n omb r e
de six dans celles des carnivores , au nombr e de huit dans l'os maxillaire pos tér ieur d e s
ruminant s , tandis que l'antérieur en est dépourvu? L e s six larges dent s incisives du cheval
n'ont-elles pas une forme particulière qui les distingue des six dent s incisives des quadrupede
s carnivores, que leur ext rémi té, plus aiguë que tranchante, caractéri se as sez, c omme
les quatre incisives antérieures du lievre et du l apin, ét roi tes , a long é e s , et di spos é e s sur
deux rangs (2), ne peuvent êt re confondue s avec les quatre dent s incisives des s inges , de s
s apa jous , et des maKis ?
L e s dent s incisives inférieures des chauve-souris, dont M. d'Aubenton a fait connoî t re
plusieurs especes nouve l l e s , sont divisées en lobes et c omme fes tonnées : les incisives
supér ieures de l'oreillard sont fourchues : celles du hér i s son sont aiguës et l ongue s , elles
pe r c ent au lieu de couper . To u t e s ces dent s sont soutenues dans la mâ choi re antér ieure
par un os que j'ai décrit sous le nom à'incisif Q) ou labial, que que lque s uns appel lent
miermaxillaire, que l'on a découver t depui s p e u dans les mo r s e s , et dont j'ai reconnu les
traces dans les os maxillaires supér ieur s du foetus humain (4). Au res te les dent s inci s ives
propr ement dites ne sont pas les seules que l'on trouve implantées dans c e s os ( 5 ) : on
y voit aussi les défenses de l 'éléphant , du mor s e et de la vache mar ine ( 6 ) ; et M. d'Aubenton
a remarqué que la por t ion de l'os maxillaire antérieur qui les sout ient es t beaucoup
plus volumineuse que la région oppo s é e de l'os maxillaire pos tér ieur . Ce s ci rconstances
prouvent bien que les défenses ne doivent point être confondue s avec les dent s
c anmes ; mais il ne paroît pas qu'elles pui s s ent autoriser les naturalistes à les classer pa rmi
les incisives. Divi sons plutôt les dent s des quadrupede s en trois ordres : les labiales , les
angulaires, e t l e s mâchel ieres ou molaires. Sous-divisons les labiales en plates tranchantes,
ou incisives (7) propr ement di t e s ; en aiguës , telles que celles de l'hérisson ; e t en coni -
ques ou dé f ens e s , c omme celles de l 'éléphant , que l'émail ne recouvre point , et qui s ont
ent ièrement formé e s d' ivou'e. Sous 'dtvi sons les molai res en pet i tes et en gros ses e t di-'
sons : L e s incisives et les défenses de la mâchoi re antérieure sont implantées dans l'os incisif
ou labial ; les angulaires ou canines antérieures sont placées dans l'os maxillaire propr
ement di t , pràs de la suture qui le sépare du p r é c édent , et les deux ordres de dent s
molaires sont rangés sur les branches de cha cune des mâchoi res . No u s évi terons ainsi
. ( 1 ) Comme la mastic très répétée dar
maux, il falloit que leurs dents Tl
grande résistance.
( a ) Celles de la ran^ée postérieure s<
lindiiques. Extrait des leçons de M. d'At
( 3 ) Académie des sciences, 1779.
(4) ibidem.
( 5 ) ,1'ai appris de M. Camper, dans so
à Paris, que cet os lui est connu depuis t
T ome I. Discours.
:eptibles d'une
t petites et cy-
I dernier voyage
es long- t emps ,
et qu'il regarde com.
enfoncées, t^oycz a
sonnet sur les dents.
( 6 ) Le s dents canines 1
les canines du barbi-roussa
aussi formées d'une sorte d'
( 7 ) On les appelle quelquefois» dans l 'homme, di
de riantes.
tsives toutes les dents qui y sont
pt-eniiet mémoire de M. Brouset
incisives de l 'hippopoiame,
i , et la corne du narvval, sonl