34 RÉFLEXIONS HISTORIQUES
Je ne m'arrêterai point aux figm-es des c o p s striés publiées avant celles deVesale,parcequ'elles
sont toutes très défectueuses ; ainsi on ne sera satisfait ni de celles de Carj^i, ni
de celles de l'éditeur de l'anatomie de Charles Etienne (i). Parmi toutes ces planches
incorrectes, celle qui s'éloigne le plus de la nature a étépubhée par Dryander (2) ; il est
difficile de concevoir comment cet auteur a pu se permettre de faire dessiner des formes
aussi bizarres et aussi différentes du modèle.
Ou voit les coi-ps striés entiers dans les ligures 4, 5 et 6, du livre VII de l'anatomie
de Vesale (3); et dans les figures 7 et 8 /ó/iiem, ils sontcoripés profondément ainsi que les
couches optiques. Mais leurs formes extérieures et sur-tout lem-s stries y sont mal rendues.
Dans l'ouvrage de Vesale , l'extrémité antérieure des corps striés est un peu trop
arrondie. Dans les planches d'Eustaclii (4), au contraire, elle est beaucoup trop aiguë. Ce
dernier Anatomiste a mieux exprimé que Vesale, la disposition respective des couches
optiques et des tubercules quadrijumeaux; mais on ne voit dans ses planches que la surface
externe ¿e ces différents corps dans l'intérieur desquels il n'a point pénétré.
Depuis Eustachi jusqu'à Willis, Casserius est le seul auteur dont je doive faire mention
ici (5). La disposition des coips striés et la divergence des couches optiques y sont mieux
dessinées que dans le traité de Vesale.
Willis est le premier qui ait représenté convenablementles stries des coi-ps cannelés,
et qui ait comparé ces stries avec celles des couches optiques (6). J'avoue cependant que
la composition intime de ces couches ne m'a jamais paru aussi réguhere qu'on la voit dans
la planche Vlll du tome II. Ces différentes parties sont encore bien exprimées dans la
planche VII du tome II du même auteur. Les planches V, VI du tome II, et VII du tom. I,
montrent ces mômes éminences dans le cei-veaudu mouton; et malgré plusieurs défauts,
elles me paroissent mériter plus d'éloges que Morgagni et Haller ne leur en ont donné.
Vieussens a publié un grand nombre de figures représentant les corps striés et les
couches op tiques ; on les voit diversemen t exprimées depuis la V ? j usqu'à la XIV° planche
de sa Névrographie : mais leurs formes ne sont nulle part aussi naturelles, ni aussi vraies,
que celles dont Willis a dij igé les dessins.
Je rendrai un compte exact des observations faites par Vieussens sur la structure des
coips striés et des couches optiques. Cet examen meparoît d'autant plus nécessaire, que
nul auteur n'a bien entendu la nomenclature de cet Anatomiste.
Vieussens ayant obsei-vé que les coi-ps cannelés, considérés dans leurs différentes régions
, les couches optiques et une partie des jambes du cciTeau, étoient traversés par
des stries de différentes formes, a donné à toutes ces éminences le nom de corpora striata.
Il en a reconnu sis: i". les corpora striata superna anterìora, ou coi-ps striés proprement
dits de Willis, qui étoient aussi, suivant Vieussens, \QS processus anteriores medullae oblongatae
(7) ; 2°. les corpora striata superiora posterìora, ou couches optiques, qu'il appelloic
aussi medullae oblongatae crura (8) ; c'est ainsi qu'il les désigne en F planche IX, et en E
planche XII. Cette nomenclature est fondée sur ce que les jambes du ceiTcau s'enfoncent
(]) Voyez la planche dcîapageaôa, éclit. franc.
(2) Tarin Iconograpli. cercb. lom. IV, f. 5.
(S) A. Vesal. de corp. hum. fabrica, llb. VU.
(4) Édit. Lanc. tabul. XVU, fig. 3 CE 4 ; ei tabul. VI,
ëdit. Majiget.
(5) Icono^aph. Tarin, tabul. Vïï.
(6)mi!isopera, t. U, labu!. VIU.,
(7) Nevrograph. pag. 66 et 67.
(8) Ibidem, pag. 67,68.
SUR LES PLANCHES. 35
en effet dans les couches optiques; 3°. les corpora, striata infema excerioraet anteriora, qui
sont les portions des corps stiùés placées devant les prolongements latéraux de la commissure
antérieure (i); 4'. les corpora striaia infema exteriora et posteriora, qui sont situés
dans une coupe profonde derriere la même comznissure (2); 5°. les corpora striata infema
et inceriora; ce sont les stries placées immédiatement au-dessous des prolongements de
la commissure an térieure ; aussi Vieussens a-t-il fai tpai- la base du cerveau la coupe desdnée
à montrer ces corps (3); ,6°. les corpora striata media, dont les stries, rapprochées en arriéré
et divergentes en devant, passent au ti'avers de la protubérance annulaire, et s'étendent
jusqu'aux corps pyramidaux. L'extrémité antérieure de ces stries s'éj)anouit dans l'épaisseur
des corps cannelés (4). Ces divisions sont difficiles à saisir et à suivre; et ce n'est
qu'après une longue étude du Traité de Vieussens que je suis venu à bout de l'entendre
et de pouvoir en expliquer tous les termes. Haller a reproché (5) à cet auteur d'avoir
représenté les stries cpmme naissant en deux ordres régu ers de la commissure antérieure
: en effet, cette origine n'est pas exacte ; mais il est certain que la commissure antérieure
traverse en devant l'épaisseur des corps striés, et qu'elle les divise en deux parties
, dont Vieussens a mal rendu les proportions. Dans ses planches les stries sont trop
volumineuses; leurs diverses comphcations n'y sont pas dessinées avec exactitude, et les
tubercules antérieurs des couches optiques y sont trop exprimés. Il est cependant juste
de dire que Vieussens a connu mieux que tout autre avant lui les rapports des jambes
du cerveau avec les couches optiques, les prolongements de la commissure antérieure
et ceux des stries inférieures et moyennes qui s'étendent jusqu'aux corps pyramidaux.
Mais quelle partie du cei-veau cet auteur a-t-il désignée par le nom de geninum centrum
semi-circulare ? Tous les modernes croient que c'est le taenia semi-circularis Hallerl; il est
facile de faire voir qu'ils se trompent. Trois planches (6) de Vieussens sont destinées à
représenter les corps striés et les couches optiques dans leur entier et dans leur position
respective, et l'on ne voit dans aucune la bandelette striée ou demi-circulaire. La planche
Xest la premiere où l'on aperçoive entre les coips striés et les couches optiques, de
chaque côté, un espace sémi-circulaire, large, et formé de substance blanche, que cet
auteur a appellé gem/num centrum ¿emi-ciVcu/are (7). Mais, dans cette planche, les éminences
dont il s'agit sont entamées par une coupe horizontale assez profonde. Il en est de même
de la planche XIII. Dans la planche XI on ti'ouve un autre ordre de choses ; on y
aperçoit entre les couches optiques et les corps striés, qui sont entiers, une ligne blanche
demi-circulaire que Vieussens a désignée par le nom de limbus exterior alhae moUiscjue
mcmbranae quae medullae oblongatae cruribus instemitur, sive semi-circularis centri pars
superior (8). Ce tractus ou ligne intermédiaire est simple, uni, et ne présente aucunes
stries dans les planches (9) de Vieussens : suivant cet auteur (10), tous les filets médullaires
des corps striés naissent du centre ovale et aboutissent à une lame de substance
blanche que l'on trouve constamment entre la face externe des couches optiques et la
face interne des corps sti'iés. Cette lanie ou tractus occupe toute la profondeur de cet
(1)lb!dein, labul. XIV, B.
(2) Ibideni, tabul. XIV, C.
(3) Ibidem, tabul. XV, D.
(4) Ibidem, tabu). XV, D.
(5) Decorp.hum.fahr.tam
Tome I. Planches.
VIII.p. 8i,Q0tep.
(6) Vid. tabuì. VI, VII etWlNeyrograph.
{7)Tabui. X,D.
(8) Tabul. XI el XII.
(9) Ibidem.
(10) Pag. 67.