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opposes réunissent. La situation de ces tendons est transversale, leur partie moyenne
adhere peu an sac du ventricule, et Us se terminent vers la circonférence par des fdets
radiés. Cel te structure est celle de l'estomac de la pintade et de tous les gallinacées , de
J'oie, du canard, et des cygnes sauvages et domestiques. Dans les autres, quoique la disposition
soit à-peu-près la même , et que le muscle dlgastrlque du gésier conserve une
grande épaisseur, les bords de ce muscle, au lieu d'être tranchants, sont arrondis ; l'estomac,
considéré en entier, est beaucoup moins applatl; les tendons mitoyens sont moins
volumineux, et ils adherent de la maniéré la plus intime au sac charnu qu'ils recouvrent :
on trouve dans le merle et dans le geai des exemples de cette structure. Enfin, dans les
oiseaux du troisième ordre, l'estomac est alongé et arrondi : au heu d'un tendon transversal
, sur le milieu de chacune de ses deux faces il y a une expansion aponévrotlque étroite
ovale, qui fait corps avec le sac du ventricule, et que l'on peut regarder comme le centre'
d'un grand nombre de rayons aponévrotiques élégamment dirigés vers les bords : l'épaisseur
du tissu musculaire est beaucoup moins grande que dans les deux ordres précédents.
Le marrin-pêcheur, le héron, l'aigle, l'effraie, le lanler de Tunis, le grand-duc, le pélican,
la petite mouette cendrée, le goéland et la clcogne, que j'ai disséqués, sont dans ce cas.
Aces trois divisions se rapportent les divers estomacs des oiseaux.Dans tous, même dans
les granivores, la portion de l'oesopbage que l'on voit immédiatement au dessus de l'estomac
est remarquable par un tissu glanduleux qui forme une bande circulaire, et dont
chaque point saillant, percé d'un pore, laisse échapper, lorsqu'on le comprime, un fluide
soit de couleur grise, comme dans la mouette cendrée, soit rougeâtre, comme je l'ai vu
dans la clcogne, auquel on a donné le nom de suc gastrique. Ce tissu glanduleux est plus
étendu dans les oiseaux qui v iventde chair que dans ceux qui se nourrissent de substances
végétales.
Dans ceux-ci la face Interne de l'estomac est recouverte d'une membrane épaisse,
calleuse, e tdont les replis, opposés symmétiiqnement les uns aux autres, et mus par les
fortes contractions du muscle externe, broient les aliments déjà ramollis par leur séjour
dans le jabot, et les mêlent Intimement avec le suc que fdtrcnt les glandes inférieures de
l'oesophage. J'ai toujours pensé, comme le célébré M. J .Hunter , que la vraie mastication
des oiseaux se faisoit dans l'estomac ; phénomène singulier, et que l'on retrouve dans la
famille des crustacées. Les oi-ganes destinés aux grandes fonctions dans les oiseaux ne
conservent donc pas le même ordre ni les mêmes proportions que dans les quadrupèdes.
Déjà nous avons vu la glotte séparée du laiynx par toute la longueur de la ti-achée artere ;
nous avons vu les cavités pulmonaires s'étendre dans les os, sous k peau, et jusqu'aux
racines des plumes: ici c'est dans l'estomac, et non dans la bouche, que les aliments sont
triturés. Le développement de l'embryon nous offrira d'autres différences aussi remarquables
que les premieres.
L e tube intestinal des oiseaux carnivores est en général très court. Dans la plupai't il
est tout au plus deux fois plus long que l'animal, ou il n'atteint pas même à cette dimension.
La longueur totale du lanler deTuni s , que j'ai disséqué, étoit d'un pied deux pouces;
ceUe de son intestin étoit de deux pieds et demi. La longueur du goéland étoit de deux
pieds un pouce et demi ; celle de son Intestin étoit de trois pieds deux pouces. La longueur
de l'effraie étoit de 8 pouces 7 lignes ; celle de son intestin étoit de 18 pouces et demi.
s u a L'A N A T O MIE. 3p
Tous les oiseaux ont deux appendices coecales situées vers la partie postérieure du
venti-e. Ces appendices sont moins éloignées de l'anus, et leur volume est beaucoup
moins grand dans les oiseaux carnassiers que dans ceux qui ont un gésier.
Les oiseaux n'ont point de colon, et leurs intestins ne peuvent être divisés, comme
dans l 'homme, en grêles et en gros ; souvent même c'est près de l'estomac que la largeur
de l'intestin est la plus grande. •
Dans la plupart des oiseaux on trouve deux pancréas. Le foie est profondément divisé
en deux grands lobes que contiennent des membranes ou loges cellulaires, et dans quelques
uns plusieurs conduits s'étendent de ce viscere vers la vésicule du fiel, et de celle-ci
vers l'intestin.
Les reiirs sont très largos. L'urine est blanchâtre et crétacée. Les testicules sont à
peine visibles hors de la saison des amours. L'ovaire est unique, et il s'obllttere à un'tel
point dans les vieilles femelles, que, sans la trompe (1), dont le volume diminue aussi,
mais qui ne s'efface jamais entièrement, je n'aurois pu reconnoitre le sexe des vieilles
• poules-faisanes que les chasseurs prennent mal-à-propos pour des mâles, et auxquelles
ils ont donné le nom de coquards.
Ici commence la famille nombreuse des animaux ovipares. Plus fécondes que les femelles
des quadrupèdes, celles des oiseaux produisent , sans le secours du mâle, des corps
arrondis oit nage, au milieu d'un grand amas de sucs lymphatiques, l'ébauche de l'embryon
dont le jaune de l'oeuf fait partie. Mais cette ébauche est imparfaite et ne peut se
développer si l'approche du mâle ne lui donne ou la premiere impulsion, ou quelque
complément inconnu. On est effrayé lorsqu'on arrête sa pensée sur les premiers linéaments
de l'animal qui vient d'être conçu. Mais ici noti'evue se porte plus loin encore :
nous connoissons le germe avant qu'il ait reçu le sceau de la vitahté.Déja cependant l l est
organique; déjà sans doute il jouit lui-même d'une sorte de vie dont il seroit difficile
d'indiquer la nuance, mais dont il est impossible de ne pas admettre la réalité.
L'oeuf des oiseaux peut être comparé au produit de la conception des quadrupèdes :
mais il en différé sur - tout par sa consistance et parl a dureté de son enveloppe. Au lieu
de prendre son accroissement dans un viscere analogue à la matrice, il se forme dans
l'ovaire, il se modifie dans la trompe et dans la cavité où s'ouvre ce conduit, et il sort
avec tout le volume qu'il doit avoir. iMais le développement du foetus est accompagné de
circonstances particulières à cette classe d'animaux : il se per fect ionne sans qu'il survienne
aucun changement dans la grosseur de l'oeuf; ce qui le distingue soit des quadrupèdes
dont le foetus et ses membranes forment une niasse qui s'accroît dans ses dimensions ,
soit des insectes et de quelques vers dont les oeufs, après avoir été déposés par la femelle',
se renflent en même temps que l'embryon grossit.
Que ceux qui se persuadent qu'U suffit de lire les meilleures descriptions pour avoir
une connoissance exacte des corps veuUlent bien considérer avec moi jusqu'à quel point
leur espoir est trompeur, et de quelles jouissances ils se privent en se refusant an plaisir
d e voir et d'observer eux-mêmes. J'avois médité long-temps sur les écrits de Harvey, de
Malplghi et de Haller, et je me flattois d'y avoir appris quelles étoient la structure' du
(1) Ovicluccus.
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