JO DI S C O U R S
tionnès à l'étendue des cornes utérines, parceque les unes et les autres sont relatives au
nombre des foetus à loger et des petits à nourrir.
M'aide de ces caractères, nous déterminerons ce qui est propre à l'homme et ce qu'il
partage avec les quadrupèdes. Nous remarquerons que lui seul est bipede, c'est-à-dire
<)ue lui îeul a deux pouces aux mains, sans en avoir aux pieds, tous les autres ayant un
pouce à chaque extrémité, comme les singes et les maKis, ou en étant tout-à-fait dépourvus,
comme la plupart des quadrupedes, ou n'en ayant qu'aux extrémités postérieures,
comme le sarigue, le cayopollin, le phalanger et la marmose ; circonstance à laquelle il
me semble que l'on n'a pas fait assez d'attention.
On ne peut voir le squelette d'un quadrupede, sur- tout celui d'un solipede ou d'un bisulque,
sans être frappé de l'énorme différence de ses extrémités avec celles de l'homme.
Les os du bras et de la cuisse sont gros et courts ; le col du fémur a peu d'étendue ; le
péroné n'existe que dans un petit nombre de ces animaux ( 0 ; le talon est couché obliquement
de bas en haut ; les os qui représentent le métacarpe et le métatarse s'alongent
4 mesure que ceux de la cuisse et du bras perdent de leur longueur, et l'animal n'est soutenu
que sur une partie de l'espace qui correspond à la plante du pied.
Après avoir considéré les os des extrémités des quadrupedes dans un squelette, supposons
les environnés des muscles et des ligaments qui les couvrent. Nous remarquerons
alors que , si l'on en excepte les snge s et les quadrumanes en général, les os des bras et
des cuisses disparoissent presque entièrement sous les masses qui les cachent et qui le«
confondent avec les parties latérales du corps. Nous remarquerons que plusieurs quadrupedes,
tels que le fourmilier, le pangolin et le phalanger, ont les pieds tellement enveloppés
par la peau, qu'on n'apperçoit que leurs ongles ; que, dans l'éléphant et le rhinocéros
, les doigts, semblables à ceux de l'homme, mais encroûtés par un tissu très dense,
loin d'être propres au toucher, ne peuvent seri'ir que de support à l'animal. Nous remarquerons
que les expansions qui, dans le phoque et dans le castor, forment des nageoires,
e t q u i , dans la chauve-souris, composent des ailes, ontles phalanges, qu'elles masquent,
pour appui. Nous verrons enfin les extrémités des doigts recouvertes par des ongles, ou
armées de griffes, ou entourées de sabots épais.
Arrêtons un moment nos regards sur la station des quadrupedes, comparée à celle de
l'homme. Dans celui-ci, le corps est soutenu surtout le pied, et l'os du talon fait un
angle droit avec la jambe ; position dont aucun quadrupede n'offie l'exemple. Les singes,
les maxis, le sarigue, le chien, le chat, les fissipedes en général, etl'éléphant lui-même,
ne marchent ni sur lepoignet ni sur le talon, mais sur les doigts. L'ours n'est point excepté
de cette loi commune ; M. d'Aubenton estime aux | de son pied l'e.space sur lequel il s'appuie
en marchant; et les bisulques, avec ou sans canon, et les solipedes, ne sont soutenus
que sur les extrémités des troisièmes phalanges. Ainsi plus on s'éloigne de l'homme, plus
on voit le pied (2) se rétrécir et s'alonger ; plus la partie qui sert d'appui diminue, et plus
l'angle que le talon fait avec k jambe devient aigu.
Je ne parle point ici de ces pieds dont la forme est anomale et irréguliere, et qui sont
( 1 ) Il n'existe point dans les ruminants, si l'o
cepte un moschus.
( a ) J'appelle pied dans les quadrupedes, com
riiomme, tout l'espace qtii s'étend depuis le talon justju'à
rextrimicé des troisièmes phalanges.
S U R L'ANATOMIE. ai
moins destinés à marcher qaa d'autres usages: tels sont ceux de la taupe, que Ion sait
être sur-tout propres à fouiller la terre ; tels sont ceux du paresseux et du fourmilier, dont
ces animaux se servent pour s'accroclier aux arbres. Ici l'ordre des mouvements est changé
; la taupe marche sur le poignet et sur les doigts, comme la chauv^souris sur le pouce
etsurlepoignet.
Dans l'étatde repos, les quadrumanes et les fissipedes sont soutenus sur les tubérosites
sciatiques et sm" la plante du pied. Ainsi placés, la plupart relevent le tronc et se servent
de leurs mains : c'est ce que fait la marmote, malgré l'extrême petitesse de son pouce;
c'est ce que fait le raton en joignant ses deux mains, et quoiqu'il n'ait point de pouce ;
c'est ce qu'exécutent avec une grande adresse les singes et les maKis.
Que l'on ne croie pas cependant que la main de ces animaux jouisse de la même force
et de la même mobilité que celle de l'homme. L'orang-outang a dans le carpe un osselet
particulier que Gahen a décrit dans le pitheque, et dont l'homme est privé. Les autres
singes en ont un, et quelques uns deux de plus que l'orang-outang. Dans tous le pouce
est petit, et sa résistance ne p eut , comme dans l'homme, contre-balancer celle des autres
doigts.
La disposition des muscles, dans les extrémités de l'homme et du singe, établit encore
des différences plus marquées entre eux. Je prie que l'on me permette d'entrer à ce sujet
dans quelques détails que je crois nouveaux, et par le moyen desquels nous arriverons à
des résultats qui le sont aussi.
L'extenseur commun des doigts de l'extrémité antérieure des singes est très petit,
parceque le muscle indicateur fournit deux tendons, l'un au second, l'autre au troisième
doigt, et que le muscle extenseur du petit doigt en fournit aussi deux, l'un au doigt annulaire,
l'autre à l'auriculaire. Ce qui m'a le plus frappé dans cette dissection, c'est que
je n'ai point trouvé de muscle fléchisseur propre du pouce; le tendon qui fléchit ce doigt
sort de l'épanouissement tendineux du liéchisseur profond, sans répondre à aucun des
faisceaux charnus de ce muscle.
Dans le pied ou main postérieure des singes et des maKis, le pouce a, comme dans la
main proprement dite, un muscle extenseur propre et un long abducteur. Le muscle
péroiiier moyen est percé pour le passage d'un muscle grêle qui se porte vers le petit
doigt, dont il opere l'extension et l'abduction. Le muscle plantaire est très charnu; il
passe, après s'être élargi, sur le talon, et, dans la plante du pied, il se confond si intimement
avec l'aponévrose plantaire et avec le fléchisseur perforé, qu'on doit le regarder
comme faisant par t iede l'un et de l'autre.
Ici se trouvent deux fléchisseurs perforants, l'un pour le troisième et le quatrième
doigts, l'auti-e pour le second et le cinquième; et chacun de ces fléchisseurs fournit un
tendon au pouce, qui n'a point de fléchisseur propre, non plus que dans la main antérieure.
Il suit de cette structure que les singes doiventle plus souventétendre plusieurs doigts
ensemble, et qu'ils ne peuvent fléchir le pouce de la main sans fléchir en même temps
plus ou moins les autres doigts. Il suit qu'ils sont dépourvus de ces mouvements dans
lesquels l'action du pouce se combine avec celle du doigt indicateur et du mcdius; mouvements
indispensables dans toutes les opérations un peu délicates, et sans lesquels il
ï o m e I. Discours. 6.