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En convenant de placer la premiere piece du sacrum des oiseaux au niveau de la double
eminence de son articulation latérale, j'ai vu le nombre de ses osselets varier, dans les
différentes especes, depuis sept jusqu'à douze; et ceux du coccyx, depuis six jusqu'à
J m i t ( 0 -
L'os des îles d-es oiseaux m'a paru présenter l'ébauclied'un pubis dans ses parlies latérales
, o ù se trouve de chaque côté un osselet grêle et légèrement recourbé. Ces petits os,
•considérés dans l'aigle, se touchent presque. Réunis dans l'autruche, ils forment un véritable
pubis, et nous voyons la structure propre aux quadrupedes recommencer là oii (imt
celle qui est particulière aux oiseaux.
Les clavicules, dans les animaux de cette classe , sont longues, épaisses et droites.
Trois muscles très forts en dirigent les mouvements, et un petit os courbe, connu sous
•le nom de fourchette,-en mesure et en assure la distance.
Les variétés de l'os appellé/oiirc/iaie, dans les différentes fimilles d'oiseaux, sont très
nombreuses. Dans les uns, tels que le casoar et l'autruche (2), la clavicule et la fourchette
sont soudées ensemble, et celle-ci s'articule avec le sternum. Dans la grue et dans la cicogne,
la fourchette est distincte de la clavicule ; mais elle s'articule aussi avec le sternum.
Plus les ailes doivent avoir de développement, plus leur réaction doit être grande,^ plus
aussi l'os de la fourchette doit être bombé, plus il doit être élastique, plus il doit jouer
facilement, et moins il doit être uni au sternum. L'os de la foiuchette réunit toutes ces
conditions dans l'aigle.
L'omoplate des oiseaux différé beaucoup de celle des quadrupedes. Elle est sur-tout
remarquable par sa longueur. Deux muscles très forts, le grand et le moyen pectoral, sont
destinés aux mouvements de l'aile qui s'exécutent dans l'angle formé par la réunion de la
clavicule avec l'omoplate. L'effort de ces muscles tend à déplacer ces deux os en même
temps qu'il agit sur le bras. La clavicule est retenue par des faces articulaires très larges,
par des ligaments très solides, par l'os de la fourchet te, et par des muscles. Il falloit que
l'omoplate, qui forme l'autre extrémité du levier recourbé, fût f k é e par une force égale, et
c'étoit ajouter à cette force que d'augmenter la longueur de l'os à l'extrémité duquel sont
appliquées les puissances. Les muscles qui s'inserent à la partie postérieure de l'omoplate
servent doue à empêcher sa bascule, que, sans leur résistance, les fortes con tracdons des
muscles pectoraux n'auroient pas manqué de produire.
Nous trouverons encore des détails très curieux dans les extrémités des oiseaux, soit
que nous considérions dans l'extrémité antérieure le grand ligament élastique du pli de
l'aile (3), les pedts osselets du carpe, celui sur-tout qui tient lieu de pouce, ceux qui
répondent aux phalanges que terminent les plumes analogues à la substance de l'ongle
dont elles tiennent la place ; soit que, dans l'extrémité inférieure, nous examinions le
péroné qui s'articule avec le fémur, le grand os du métatarse qui répond au canon des
solipedes et des bisulques, et ces grands muscles dont les uns s'étendent du bassin jusqu'aux
doigts, ce que l'on ne voit point dans les quadrupedes , tandis que les autres,
destinés à fléchir les doigts, sont à la fois perforés et perforants ; ce dont les oiseaux seuls
offrentl'exemple.
( 0 Acad. des sciences, 1774, pag. ijj^.
(2) Je n'ai disséqué ces oiseaux que dans fflgc adulte.
(3) M. Tenon a communiqué à
loyale des sciences des observations
sujet à l'académie
i et nouvelles.
S U P . L'ANATOMIE. 3/
Le squelette dès oiseaux diiFere encore de tous les autres par son extrême légèreté.
Leurs os ne contiennent point de moelle : ils sont remplis d'air, et leurs cavités com- ^
muniquent avec les poumons par des ouvertures que M. Camper a décrites. Les verte- ^
bres cervicales, les côtes, la mâchoire inférieure même, en reçoivent. L'air remplit non
seulement ces trachées osseusesj il s'épanche encore sous la peau, comme Méry l'a vu
dans le pélican (i ) , et il coule jusqu'aux racines des p lumes, de sorte que Coûtes les parties
de l'oiseau semblent être pénétrées du fluide où il se meut.
Les anatomistes ont distingué deux especes de larynx dans les oiseaux, dont ils ont
appellé l'un ^upeneur et l'autre inférieur: mais les oiseaux n'ont réellement qu'un lar)'nx,
dóneles diverses parties constituantes sont séparées et occupent des régions différentes.
La "lotte se trouve, comme dans tous les animaux quien ont une, à la partie la plus élevée
de la trachée artere, vers la base de la langue; mais les membranes et les cavités sonores,
au lieu d'être situées immédiatement au dessous de cette ouverture, comme le sont les
cordes vocales et les ventricules du larynx dans l'homme et dans les quadrupedes, sont
placées au bas du col entre les b ranchesde la fourchette. Sans m'arrêter à en exposer les
variétés dans ce discours, où je ne dois insister que sur les grands caracteres des différentes
classes d'animaux, je me bornerai à faire une remarque.d'après laquelle les oiseaux
peuvent être divisés, sous un nouveau rapport, en deux grandes classes : c'est que le lalynx
de ceux qui chantent est recouvert d'une expansion musculaire qui suit ses contours
et lu[ imprime divers mouvements ; et qu'au contraire cet organe, considéré dans les oiseaux
dont la voix rauque manque absolument de mélodie, est nu et dépourvu de muscles
qui adherent immédiatement à ses parois (2).
Les poumons sont attachés aux côtes. Des vésicules abdominales, dont les lames
moyennes ou diaphragmatiques sont musculaires, agrandissent leur étendue; et comme
elles se remplissent d'air dans l'expiration, le vent r e des oiseaux se gonfle alors au lieu de
s'affaisser, mouvement qui se fait d'une maniere inverse dans l'homme et dans les quadrupedes.
Les organes de la digestion des oiseaux ont encore une structure qui leur est propre;
Quelques éminences ou épines, de la nature de la corne, et continues avec l'épiderme,'
tiennent lieu de dents et semblent répondre à ceUes que l'on appelle incisives. La langue
est rude, et l'on n'y trouve qu'un peut nombre de ces papilles molles qui sont le siege du
goût. L'oesophage, dilaté vers le bas du col, se prête au séjour des aliments, qui s'y ramollissent
et passent successivement dans l'estomac pour y subir l'action des forces digestives.
Cette dilatation de l'oesophage (3) est très grande dans les oiseaux qui vivent
d'herbes, de fruits ou de grains. Elle est plus étroite dans les carnivores.
L'estomac varie aussi beaucoup dans ces animaux. Je réduis à trois chefs les différences
principales de sa structure, observée dans un grand nombre d'individus que j'ai
décrits, et dont j'ai présenté les dessins ù l'académie royale des sciences. Dans les uns le
ventricule proprement dit, , qui se continue avec l'oesophage, est recouvert par un muscle
à deux ventres épais, applatis, dont les bords latéraux sont aigus, et que deux tendons
(1) Acad. des sciences, 1666, Le cormoran est clsms le
même cas.
(2) 11 s'agit de l'organe appellé communément le larynx
T o m e l . Discours.
infdiieiir, et non de la trachée artere, le long de laquelle
montent des muscles grêles dont je ne parle point icL
( 3 ) Oil la coiuioit sous le nom de jabot.