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deffiis, lorfqu’on juge que les chiens l’ont acculé jufqu’aü
fond' ôn le ferre avec des tenailles* & enfuite on le
irtusèlé pour l’empêcher dé mordre : on m’en a apporté
plufieüts qui avoient été pris de cette façon, & nous en
avons gardé quelques-uns long-temps. Les jeunes s appri-
voifent aifément, jouent avec les petits chiens, & fuivent
comme eux la perlonrte qu’ils connoiflent & qui leur
donne à manger; mais ceux que l’on prend vieux demeurent
toujours feuvages ; ils ne font ni mal feifàhs, ni gourmands
, comme le renard & le loup, & cependant ils font
animaux carnalïiers ; ils mangent de tout Ce qu on leur
offre, de la chair, des oeufs, du fromage, du beurre, du
pain , du poiflon, des fruits , des noix, des graines, des
racines, ôte. & ils préfèrent la viande crue a tout le relie.
Ils dorment la nuit entière & les trois quarts du jour, làns
cependant être Ibjets à i’engourdiffement pendant 1 hiver,
comme les marmottes ou les loirs. C e fommejl frequent
fait qu’ils font toujours gras, quoiqu’ils; ne mangent
pas beaucoup ; & c’eft par la même raifon qu ils fup-
portent ailement la diète , & qu’ils relient fouvent dans
leur terrier trois ou quatre jours làns en fortir, liir-tout
dans les temps de neige.
Il tiennent leur domicile propre, ils n’y font jamais
leurs ordures. On trouve rarement le mâle avec la femelle
: lorfqu’eile ell prête à mettre bas, elle coupe de
l’herbe, en feit une efpèce de fagot, qu’elle traîne entre
les jambes jufqu’au fond du terrier, où elle fait un lit
commode pour elk & fes petits. C ’eft en été qu’elle
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met bas, & la portée èft ordinairement de trois ou de
quatre. Lorfqü’ils font un peu grands, elle leur apporte
à manger; elle ne fort que la nuit, ya plus au loin que
dans les autres temps ; elle déterre les nids des guêpes,
en emporte le miel, perce les rabouillières des lapins •,
prend les jeunes lapreaux, fàifit auffi les mulots, les
lézards, les ferpens, les fauterelles, les oeufs des oifeaux,
& porte tout à fes petits, qu’elle fait fortir fouvent fur
le bord du terrier, foit pour les allaiter, foit pour leur
donner à manger.
Ces animaux font naturellement frilleüx; ceux qu’on
élève dans la maifon ne veulent pas quitter le coin du
feu, & fouvent s’é'rt approchent de fi près, qu’ils fè
brûlent les pieds, SL ne giiêriffent pas aifément. Ils font
auffi fort fujets à la galle; les chiens qui entrent dans
leurs terriers prennent le même mal, a moins qu on n ait
grand foin de les laver. Le blaireau a toûjours le poil gras
& mal propre ; il a entre l’anus & la queue une ouverture
alfez large, mais qui ne communique point a 1 intérieur
& ne pénètre guère qu’à un pouce dé profondeur
; il en fiiinte continuellement une liqueur onétueufe,
d’affez mauvaife odeur, qu’il fe plaît à lucer. Sa chair
n’eft pas abfolument mauvaife à manger, & l ’on fait de
fe peau des fourrures groffières, des colliers pour les
chiens, des couvertures pour les chevaux, &c.
Nous ne connoiflons point de variétés dans cette
efpèce, & nous avons fait chercher par-tout le blaireau-
cochon dont parlent les Chafleurs, fens pouvoir le
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