Dans le fc e l, peut-on douter qüe les; animaux dont
t’organifatian «ft; § iepjpuvent dtes,
fenfàtions femblabkâbils font fenfibies, puifqu’ils ont des
fens, & ils., k (fqnf .d’^tpif\pNs>ilfïlèg.'i qes;;*Çeps, font
actifs & plus parfaits : -ceux au contraire dont les lins l'ont
obtus ont-ils un fentimentexquis l;.& ceux auxquels il
manque, quelque organe,, quel.quefens, ne-manquep.t=ils.
pas de toutes les fenfàtions qui y font relatives] Le mou-,
veinent elt l’eflèt nécefïïiire de l ’exercice du fentiment.
Nous avons prouvé * que de quelque manière qu’un être
fût organjfé , s’il a du .fentiment, il ne, peut manquer de.
le marquer aû dehors par des mouvemens, extérieurs.
‘Ainfi les. plantes, quoique bien organifées, font des êtres,
inlènlibles, aulîi-bicn que Jesanîmaux qui, comme elles,
n’ont nul mouvement apparent, Ainfi parmi les animaux],,
ceux qui n’ont, comme la plante appelée fenfitive., qu’un
mouvement fur eux-mêmes, & qui font privés du moin*
vement progreffif, n’ont encore que très-peu de fenti-
ment; & enfin ceux mêmes qui ont un mouvement
progrelfif, mais qui, comme des automates, ne font
qu’un petit nombre de chofes, & les font toûjours de la
même façon, n’ont qu’une foible portion de fentiment ;
limitée à un petit nombre d ’objets. Dans l’efpèce humaine,
que d’automates 1 combien l’éducation, la communication
refpeélive des idées n’augmentent-elles pas la quantité, la
vivacité du fentiment! quelle différence à cet égard entre
* Voyez le Difcours fur ia nature des animaux, Vol. IV de cette
Hiftoire Naturelle.
l’homme
l ’homme fàuvage & l ’homme policé, ia payfànne & la
femme du monde. Et de même parmi les animaux, ceux
qui vivent avec nous deviennent plus fenfibies par cette
communication, tandis que ceux qui demeurent fàuvages
n’ont que la fenfibilité naturelle, fouvent plus fure, mais
toûjours moindre que l’acquife.
Au refie, en ne confidérant le fentiment que comme
une faculté naturelle, & même indépendamment de fon
réfultat apparent, c’ell-à-dire, des mouvemens qu’il produit
nécefîàirement dans tous les êtres qui en font doués,
on peut encore le juger, I’eflimer& en déterminer à peu
près les différens degrés par des rapports phyfiques,
auxquels il me paraît qu’on n’a pas fait allez d’attention.
Pour que le fentiment foif au plus haut degré dans un
corps animé, il faut que ce corps falfe un tout, lequel
foit non feulement fenfibie dans toutes fes parties, mais
encore compofé de manière que toutes ces parties fenfibies
aient entre elles une correlpondance intime, en
forte que l’une ne puilfe être ébranlée fans communiquer
une partie de cet ébranlement à chacune des autres, Il
faut de plus qu’il y ait un centre principal & unique
auquel puilfent aboutir ces différens ébranlemens , & fur
lequel, comme fur un point d’appui général & commun,
fe faffe la réaétion de tous ces mouvemens. Ainfi l’homme
& les animaux qui par" leur organifation reffemblent le
plus à l’homme , feront les êtres les plus fenfibies; ceux
au contraire qui ne font pas un tout auffi complet , ceux
dont les parties ont une correlpondance moins intime,
Tome VII. B