2 5 + H i s t o i r e N a t u r e l l e
moins quadrupède que les autres, il fe tient ordinairement
alfis prefque debout, & fe fert de fes pieds de
devant, comme d’une main, pour porter à là bouche;
au iieu de fe cacher fous terre, ii ell toûjours en l ’air;
il approche des oifeaux par fa légèreté , il demeure
comme eux liir la cime des arbres, parcourt les forêts
en fautant de l’un à l’autre, y fait aulfi fon nid, cueille
les graines, boit la rofée, & ne defcend à terre que
quand les arbres font agités par la violence des vents.
On ne le trouve point dans les champs, dans les lieux
découverts, dans les pays de plaine, il n’approche
jamais des habitations, il ne relie point dans les taillis,
mais dans les bois de hauteur, fur les vieux arbres des
plus belles futaies. Il craint l’eau plus encore que la
terre, & l’on allure * que lorfqu’il faut la palfer, il fe
fert d’une écorce pour vailfeau, & de là queue pour
voiles & pour gouvernail. Il ne s’engourdit pas comme
le loir pendant l’hiver, il ell en tout temps très-éveillé,
& pour peu que l’on touche au pied de l’arbre lùr lequel
il repofe, il fort de là petite bauge , fuit lùr un autre
arbre, ou fe cache à l ’abri d’une branche. II ramalfe
* Rei veritate nititur quod Gefnerus ex Vincentit) Beluancenfi & Ola>
piagno refert. Sciuros, quando aquom tranfire cupiunt, lignum levijjimum
aquie imponere; eique infidentes & caudâ, non tamen ut mit, ereüâ, fed (ontinuo
motâ, velificantes neque fiante vento, fed tranquillo tequere transvehi, quod
fde digrns, fidufquc meus emifffltius ad infulas Gothlandioe, plusfmplici
vice obfervavit, & cum fpolüs in littoribus ibidem colleClis redux mirabundus
mihi retulit, D i f f è r e d e SpUiro v o la n te . P M . t r s » f n .° 9 7 , p a g . 3 8.
jKkin, d e q u ad ru p . p a g . 5 3 .
D E L ’ É C U R E U I L. 255
dès noifettes pendant l’été , eh remplit les troncs,
les fentes d’un vieux arbre, & a recours en hiver à là
provifion, il les cherche aulfi fous la neige qu’il détourne
en grattant. Il a la voix éclatante, & plus perçante
encore que cèllë de la fouine ; il a de plus un
murmure à bouche fermée, un petit grognement de
mécontentement qu’il fait entendre toutes les fois qu’on
l’irrite. 11 ell trop léger pclur marcher, il va ordinairement
par petits làuts & quelquefois par bonds ; il a les-
ongles fi pointus & les mouvémens fi prompts, qu’il
grimpe en un initant lùr un hêtre dont l’écorce ell
fort lilfe.
On entend les écureuils , pendant les belles nuits
d’été, crier en courant fur les arbres les tins après les
autres ; ils: femblent craindre l’ardeur du foieil, ils demeurent
pendant le jour à l’abri dahs leur domicile,
dont ils fortent le foir pour s’exercer, jouer, faire l ’amour
& manger; ce domicile ell propre, chaud & impénétrable
à la pluie, c*ell ordinairement fur l’enfourchure
d’un arbre qu’ils l’étabfilfent; ils commencent par tranl-
porter des bûchettes qu’ils mêlent, qu’ils entrelacent
avec de la moulfe ; ils la ferrent enfuite ,' ifs là foulent
& donnent alfez de capacité & de folidité à leur ouvrage,
pour y être à l’aife & en fureté avec leurs petits; il n’y a
qu’une ouverture vers le haut, julle, étroite, & qui fuffit
à peine pour palfer ; au delfus de l’ouverture ell une
elpèce de couvert en cône qui met le tout à l’abri , Sc
£ùt que la pluie s’écoule par les côtés & ne pénètre pas..