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■ le voit dans le chat fauvage, qui demeure toûjours le
même, & dans le chat domeftique, qui prend toutes
fortes de couleurs» Au contraire, fa fouine, ou fi l’on
veut la marte domeftique, ne varie point; elle a fes
caractères propres, particuliers, & tous aufli conftans
que ceux de la marte làuvage ; ce qui fuffiroit feul
pour prouver que ce n’eft pas'•une pure variété, une
limple différence produite par l’état de domeftieite: d ailleurs,
c ’eft fans aucun fondement qu’on appelle la fouine
marte domeftique , puifqu’elie n’eft pas plus domeftique
que le renard, le putois, qui, comme elle, s’approchent
des maifons pour y trouver leur proie, & qu’elle
n’a pas plus d’habitude, pas plus de communication avec
l’homme, que les autres animaux que nous appelons
fauvages. Elle diffère donc de la marte par le naturel &
par le tempérament, puifque celle-ci'fuit les lieux découverts,
habite au fond des bois U demeure fur les
arbres , ne fe trouve en grand nombre que dans les
climats froids , au lieu que la Fouine s’approche des
habitations, s’établit même dans les vieux bâtimens,
dans les greniers à foin, dans des. trous de murailles
qu’enfin l’efpèce en eft généralement répandue en grand
nombre dans tous les pays tempérés, & même dans les
climats chauds, comme à Madagafcar*, aux Maldives b,
& qu’elle ne fe trouve pas dans les pays du nord.
1 Voyez les voyages de Jean Struys. Rouen, 17 / ç),Tome T,page 3 0.
“ Voyez le voyage de François Pyrard. Paris, 161 ÿ:, Tome I,
page 132»
d e l a F o u i n e . 1 6 3
La fouine a la phyfionomie très-fine, l’oeil vif, le .
faut léger, les membres fouples, le corps flexible, tous
les mouvemens très-preftes ; elfe faute & bondit pluftôt
qu’elle ne marche,; elle grimpe aifément contre les
murailles qui ne font pas bien enduites, entre dans les
colombiers, les poulailliers, &c. mange les oeufs, les
pigeons, les poules, &c. en tue quelquefois un grand
nombre & les porte à fes petits ; elle prend aufli les
fouris', les rats, les taupes, les oifeaux dans leurs nids.
Nous en avons élevé une que nous avons gardée longtemps
: elle s’aprivoife à un certain point ; mais elle ne
s’attache pas, & demeure toûjours afiez fauvage pour
qu’on foit obligé de la tenir enchaînée ; elle faifoit la
guerre aux chats ; elle fe jetoit aufli fur les poules dès
qu’elle fe trouvoit à portée; elle s’échappoit fouvent,
quoiqu’attachée par le milieu du corps ; les premières
fois elle ne s’éloignoit guère & reyenoit au bout de
quelques heures, mais fans marquer de la joie, fans
attachement pour perfonne. Elle demandoit cependant
à manger comme le chat & le chien ; peu après elle fit
des abfences plus longues,, & enfin ne revint plus. Elle
avoit alors un an & demi, l’âge apparemment auquel la
nature avoit pris le defliis. Elle mangeoit de tout ce
qu’on lui donnoit, à l’exception de la fàlade & des
herbes ; elle aimoit beaucoup le miel, & préférait le
chennevis à toutes les autres graines : on a remarqué
qu’elle buvoit fréquemment, qu’elle dormoit quelquefois
deux jours de fuite, & qu’elle étoit aufli quelquefois