& l’exercice de toutes les forces de l’animal ; il n’agît
qu’autant qu’il eftaffeété, c ’eft-à-dire , autant qu’il fent ;
& cette même partie, que nous regardons comme le
centre du fentiment, fera auffi le centre des forcesI ou,
fi l’on veut, le point d’appui commun fur lequel elles
s’exercent. Le diaphragme eft dans l’animal ce que le
collet efl dans la plante, tous deux les divifent tranfver-
falement, tous deux fervent de point d’appui aux forces
oppofées; car les forces qui dans un. arbre pouffent en
haut les parties qui doivent former le tronc & les branches,
portent & appuient fur le collet, auffi-bien que les forces
oppofées qui pouffent en bas les parties qui forment les
racines.
Pour peu qu’on s’examine, on s’apercevra aifement que
toutes.les affeétions intimes, les émotions vives, les épa-
nouiffemens.de plaifir, les faififfemens, les douleurs.,. les
naufées, les défaillances, toutes les impreffions fortes
des fenôtions devenues agréables oudeôgréables, fe font
fentir au dedans, du corps , à la région même du diaphragme.
Il n’y a au contraire nul indice de fentiment
dans le cerveau , & l’on n’a dans la tête que les fenfàtions
pures if ou pluftôt. les repréfenîations de ces mêmes fenr
ôtions; fimples & dénuées des caractères du fentiment
feulement on fe fouvient, on. fe rappelle que telle ou telle
fenfation nous a été agréable ou deôgréable ; & fi cette
opération, qui fe fait dans la tête, eft fuivie d’un fentir
menl v if & réel, alors on en fent l’impreffion au dedans
d i corps & toujours à la région du. diaphragme.. AinfL
l e s An i m a u x c a r n a s s i e r s . 13
dans le foetus, où cette membrane efl ôns exercice , le
fentiment efl nul, ou fi foible qu’il ne peut rien produire ;
auffi les petits mouvemens que le foetus fe donne, font
pluftôt machinaux que dépendans des fenfàtions & de la
volonté.
Quelle que foit la matière qui fert de véhicule au fentiment,
& qui produit le mouvement mufeuiaire, il efl
fur qu’elle fe propage par les nerfs, & fe communique
dans un inftant indivifible d’une extrémité à l’autre du
fyftème fenfible. D e quelque manière que ce mouvement
s’opère r que ce foit par des vibrations comme
dans des cordes éiaftiques, que ce foit par un feu fubtil,
par une matière femblable à celle de l’électricité, laquelle
non feulement réfiJe dans les corps animés, comme
dans tous les autres corps, mais y eft même continuellement
régénérée par le mouvement du coeur & des poumons
, par le frottement du ông dans les artères , & auffi
par l’aétion des caufes extérieures fur les organes des
fens, il eft encore fur que les nerfs & les membranes
font les feules parties fenfibl.es dans le corps animal. Le
fang, la lymphe, toutes les autres liqueurs, les graiffes ,
les os, les chairs, tous les autres folides, font par eux-
mêmes infenfibles ; la cervelle l’eft auffi, c ’eft une fub-
ftance molle & ôns élafticité, incapable dès-lors de
produire, de propager ou de rendre le mouvement, les
vibrations ou les ébranlemens du fentiment. Les méninges
au contraire font très-fenfibles, ce font les enveloppes de
tous les nerfs ; elles prennent, comme eux, leur origine