z z 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e
la queue noire ; la belette, même celle qui blanchit en
hiver, a le bout de la queue jaune; elle eft d’ailleurs
fenfiblement plus petite , & a la queue beaucoup plus
courte que l’hermine, elle ne demeure pas, comme
elle, dans les deferts & dans les bois, elle ne s’écarte
guère des habitations: nous avons eu les deux efpèces,
& il n’y a nulle apparence que ces animaux qui diffèrent
par le climat, par le tempérament, par le naturel & par
la taille, fe mêlent enfemble ; il eft vrai que parmi les
belettes il y en a de plus grandes & de plus petites ;
mais cette différence ne va guère qu’à un pouce s fur
la longueur entière du corps ; au lieu que l’hermine eft de
deux pouces plus longue que la belette la plus grande : ni
l’une ni l’autre ne s’apprivoifent, elles demeurent toû-
jours très-fauvages dans les cages de fer où 1 on eft
obligé de lés garder ; ni l’une ni 1 autre ne veulent
manger de miel ; elles n’entrent pas dans les ruches
comme le putois & la fouine, ainfi l’hermine n’eft pas
la belette fàuvage, Yiftis d’Ariftote, puifqu il dit qu elle
devient fort privée, & qu’elle eft fort avide de miel ;
la belette & l’hermine loin de s’apprivoifer, font fi fàu-
vages qu’elles ne veulent pas manger lorfqu on les
regarde ; elles font dans une agitation continueEe ,
cherchent toujours à fe cacher ; & fr 1 on veut les
confèrver, il faut leur donner un paquet d’étonpes dans
lequel elles puiffent fe fourrer ; elles y traînent tout ce
* V o y e z c i-a p rè s iès d e fc r îp t iô n s d e fa b e le tte & d e l ’h e rm in e , &
com p a re z- en fem b le le s d im en fio n s d e ce s d e u x an im au x ,
d e l a B e l e t t e . zi j
qu’ on leur donne, ne mangent guère que la nuit, &
laiffent pendant deux ou trois jours la viande fraîche
fe corrompre avant que d’y toucher ; elles paffent les
trois quarts du jour à dormir ; celles qui font en liberté
attendent auffi la nuit pour chercher leur proie. Lorfqu’une
belette peut entrer dans un poulailler, elle
n’attaque pas les coqs ou les vieilles poules, elle choifrt
les poulettes, les petits pouffins, les tue par une feule
bleffure qu’elle leur fait à la tête, & enfuite les emporte
tous les uns après les autres ; elle caffe auffr les oeufs,
& les fucce avec une incroyable avidité ; en hiver elle
demeure ordinairement dans les greniers, dans les granges
; fouvent même elle y refte au printemps pour y
faire fes petits dans le foin ou la paille ; pendant tout
ce temps, elle fait la guerre avec encore plus de fuccès
que le chat, aux rats & aux fouris, parce qu’ils ne
peuvent lui échapper & qu’elle entre après eux dans
leurs trous ; elle grimpe aux colombiers, prend les
pigeons, les moineaux, &c. en été elle va à quelque
diftance des maifons, fiir-tout dans les lieux bas, autour
des moulins, le long des ruiffeaux, des rivières,, fe
cache dans les buiffons pour attraper des oifeaux, &
fouvent s’établit dans le creux d’un vieux faute pour y
faire fes petits; elle leur prépare un lit avec de l’herbe,
de la paille, des feuilles, des étoupes; elle met bas au
printemps, les portées font quelquefois de trois, &
ordinairement de quatre ou de cinq ; les petits naiffent
les yeux fermés, auffi-bien que ceux du putois, de la
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