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 dans  la  tête,  elles  fe  divifent  comme  les  branches  des  
 nerfs, & s’étendent jufqu a leurs plus petites ramifications;  
 ce  font,  pour  ainfi  dire,  des nerfs aplatis,  elles font de  la  
 même  fübftance,  elles  ont  à  peu  près  le  même  degré  
 d’élafticité, elles font partie, & partie néceffaire, dufyftème  
 fenfible.  Si  l’on  veut  donc  que le fiége des fenfàtions  foit  
 dans  la  tête,  il  fera  dans  les méninges,  &  non  dans  la  
 partie  médullaire-du  cerveau ,  dont  la  fübftance  eft toute  
 différente. 
 C e   qui  a  pû donner  lieu  à  cette  opinion,  que  le fiége  
 de  toutes  les  fenfàtions  &  le  centre  de  toute  fenfibilité  
 étoient  dans  le  cerveau,  c ’eft  que  les nerfs,  qui font les  
 organes du fentiment,  aboutiffent tous à la cervelle,  qu’on  
 a  regardée  dès-lors  comme  la  feule  partie  commune  qui  
 pût en  recevoir  tous les  ébranlemens,  toutes  les  impref-  
 fions.  Cela  feul  a  fuffi  pour  faire  du  cerveau  le  principe-  
 du  fentiment,  l’organe  effentiel  des  fenfàtions,  en  un  
 mot  le fenforium  commun.  Cette  fuppofition  a  paru  fi  
 fimple  &  fi  naturelle ,  qu’on  n’a  fait  aucune  attention  à  
 l’impoflibilité phyfique qu’elle renferme, & qui cependant  
 eft  affez  évidente;  car  comment fe  peut-il  qu’une  partie  
 infenfible,  une  fübftance  molle  &  ina&ive,  telle  qu’eft  
 la  cervelle,  foit  l’organe même du  fentiment & du mouvement”; 
   comment  fe  peut-il  que  cette  partie  molle  &:  
 infenfible,  non  feulement  reçoive.ces  impreffions,  mais  
 les  conferve  long-temps  &  en  propage  les  ébranlemens  
 dans toutes les parties folides & fenfibles i L ’on dira peut-  
 être,  d’après  Defcartes,  ou  d’après M.  de  la  Peyronie, 
 q\ie  ce  n’eft point  dans  la  cervelle,  mais  dans  la glande  
 pinéale  ou  dans le  corps  calleux  que  réfide  ce  principe ;  
 mais  il  fîiffit  de  jeter  les  yeux  fur  la  conformation  du  
 cerveau  pour  reconnoître  que  ces  parties,  la  glande  pinéale  
 ,  le corps calleux,  dans lefquelles  on  a voulu mettre  
 le  fiége  des  fenfàtions,  ne  tiennent  point  aux  nerfs,  
 qu’elles  font toutes  environnées  de  la fübftance infenfible  
 de la  cervelle,  &  féparées  des  nerfs  de  manière  qu’elles  
 ne peuvent  en  recevoir les mouvemens,  &  dès-lors  ces  
 fuppofitions  tombent aufti-bien  que  la  première. 
 Mais  quel  fera donc  l’ufàge ,  quelles  feront  les  fonctions  
 de  cette  partie  fi  noble,  fi  capitale.'  Le  cerveau  
 ne  fe  trouve-t-il  pas  dans  tous  les  animaux!  n’èft-il  
 pas,  dans  l’homme,  dans  1 ps_quadrupèdes,  dans les  oi-  
 feaux,  qui  tous  ont  beaucoup de fentiment,  plus étendu,  
 .plus  grand,  plus  confidérable  que  dans  les  poifions,  
 Jes  infeétes  &  les  autres  animaux,  qui  en  ont  peu!  
 Dès  qu’il  eft  comprimé,  tout  mouvement  n’eft - il  pas  
 fufpendu!  toute  aétion  ne ceffe-t-elle pas !  Si  cette partie  
 n’eft  pas  le principe  du mouvement,  pourquoi y  eft-elle  
 fi  néceflàire,  fi  effentielle!  pourquoi  même eft-elle  proportionnelle  
 ,  dans  chaque efpèce  d’animal,  à  la  quantité  
 de  fentiment  dont  il  eft  doué! 
 Je  crois  pouvoir  répondre  d’une  manière  fàtisfàifànte  
 à  ces  queftions,  quelque  difficiles  qu’elles  paroiftent ;  
 mais pour  cela  il  faut  fe  prêter  un  inftant  à ne  voir  avec  
 moi  le  cerveau  que  comme  de  la  cervelle,  &  n’y  rien  
 fuppofer  que  ce  que  l ’on  peut  y  apercevoir  par  une