infpeétion attentive & par un examen réfléchi. La cervelle;
auffi-bien que la moëlle alongée & la moelle épinière,
qui n’en font que la prolongation, eft une efpèce de
mucilage à peine organifé; on y diftingue feulement les
extrémités des petites artères qui y aboutiflent en très-
grand nombre, & qui n’y portent pas du fang, mais une
lymphe blanche & nourricière : ces mêmes petites artères,
ou vaifieaux lymphatiques, paroiflent dans toute leur
longueur en forme de filets très-déliés , lorfqu’on defunit
les parties de la cervelle par la macération. Les nerfs au
contraire ne pénètrent point la fubftance de la cervelle,
ils n’aboutiflent qu’à la furface ; ils perdent auparavant
leur folidité, leur élafticité; & les dernières extrémités
des nerfs, c ’eft-à-dire, les extrémités les plus voihnes du
cerveau, font molles & prefque muciiagineufes. Par
cette expofition, dans laquelle il n’entre rien d’hypothétique,
il paroît que le cerveau, qui eft nourri par les artères
lymphatiques, fournit à fon tour la nourriture aux nerfs,
& que l’on doit les confidérer comme une efpèce de
végétation qui part du cerveau par troncs & par branches,
lefquelles fe divifent enfuite en une infinité de rameaux.
Le cerveau eft aux nerfs ce que la terre eft aux plantes ;
les dernières extrémités des nerfs font les racines qui,
dans tout végétal, font plus tendres & plus molles
que le tronc ou les branches ; elles contiennent une
matière duétile, propre à faire croître & à nourrir l’arbre
des nerfs ; elles tirent cette matière duétile de la fubftance
même du cerveau, auquel les artères rapportent
continuellement
continuellement la lymphe nécefiâire pour y fuppléer.
Le cerveau, au lieu d’être le fiége des fenfations , le
principe du fentiment, ne fera donc qu’un organe
de fécrétion & de nutrition , mais un organe très-
effentiel, fans lequel les nerfs ne pourroient ni croître,
ni s’entretenir.
Cet organe eft plus grand dans l’homme, dans les
quadrupèdes, dans les oifeaux, parce que le nombre ou
le volume des nerfs, dans ces animaux, eft plus grand
que dans les poiffons & les infeétes, dont le fentiment
eft foible par cette même raifon ; ils n’ont qu’un petit
cerveau proportionné à la petite quantité de nerfs qu’il
nourrit. Et je ne puis me difpenfèr de remarquer à cette
occafion, que rhomme-nâfas., comme on l’a prétendu,
le cerveau plus grand qu’aucun des animaux ; car il y a
des efpèces de linges & de cétacées qui, proportionnellement
au volume de leur corps, ont plus de
cerveau que l’homme ; autre fait qui prouve que le
cerveau n’eft ni le fiége des fenfations, ni le principe
du fentiment, puifqu’alors ces animaux auroient plus de
fenfations & plus de fentiment que l’homme.
Si l’on confidère la manière dont fe fait la nutrition
des plantes, on obfervera qu’elles ne tirent pas les
parties groflières de la terre ou de l’eau ; il faut que ces
parties foient réduites par la chaleur en vapeurs ténues,
pour que les.racines puifîènt les pomper. D e même,
dans les nerfs, la nutrition ne fe fait qu’au moyen des
parties les plus fubtiles de l’humidité du cerveau, qui
Tome V I I. C