plus courte ; elle a les jambes a plus longues , &
court par conféquent plus aifément ; elle a la gorge
jaune, au lieu que la fouine l’a blanche ; fon poil eft
auffi bien plus fin , bien plus fourni & moins fujet à
tomber; elle ne prépare pas, comme la fouine, un lit
à fes petits; néanmoins elle les loge encore plus corn’
modément. Les écureuils font, comme l’on lait, des
nids au defliis des arbres, avec autant d’art que les
oifeaux; lorfque la marte eft prête à mettre bas, elle
grimpe au nid de l’écureuil , l’en chalfe , en élargit
l ’ouverture, s’en empare & y fait fes petits ; elle fe lèrt
auffi des anciens nids de ducs & de bufes, & des trous
des vieux arbres, dont elle déniche les pics-de-bois &
les autres oifeaux; elle met bas au printemps, la portée
n’eft que de deux ou trois ; les petits nailfent les yeux
fermés , & cependant grandilfent en peu de temps ;
elle leur apporte bien - tôt des oifeaux, des oeufs, &
les mène enluite à la chalfe avec elle : les oifeaux
connoiflènt fi bien leurs ennemis, qu’ils font pour la
marte comme pour le renard, le même petit cri d’aver-
tilfement ; & une preuve que c ’eft la haine qui les anime,
pluftôt encore que la crainte, c’eft qu’ils les fuivent
alfez loin, & qu’ils font ce cri contre tous les animaux
voraces & carnaciers, tels que le loup, le renard, la
martç, le chat fàuvage, la belette, & jamais contre le
cerf, le chevreuil, le lièvre, Scc.
Les martes font auffi communes dans le nord de
* C om p a r e z dans le s m êm e s tables les lo n g u e u r s d es jamb es .
l ’Amérique, que dans le nord de l’Europe & de l’Afie,
on en apporte beaucoup du Canada ; il y en a dans
toute l’étendue des terres feptentrionales de l’Amérique,
jufqu’à la baye de Hudfon *, & en A fie , jufqu’au nord
du royaume de Tunquin b & de l’empire de la Chine'.
Il ne faut pas la confondre avec la marte zibelline, qui
eft un autre animal dont la fourrure eft bien plus pré-
cieufe. La zibelline eft noire, la marte n’eft que brune
& jaune; la partie de la peau qui eft la plus eftimée
dans la marte, eft celle qui eft la plus brune, & qui
s’étend tout le long du dos jufqu’au bout de la queue.
* Voyez le voyage du Capitaine Robert Lade, traduit par M.
i’abbé Prévôt. Paris, 174.4, Tome I l , page 227.
b Voyez les voyages de Tavernier. Rouen, 171g , Tome IV ,
page 1 S 2. Voyez aufll i’hiftoire générale des voyages, par M. i’abbé
Prévôt, Tome V il, page 117.
c Voyez i’hiftoire générale des voyages, Tome VI, page 562.