Ipo D e s c r i P 't / O ND
E S C R I P T I O N
D E L A M A R T E .
LA Marte (p i x'XJi) ne diffère de la Fouine (pi x v m ) que
par les; couleurs du poil, auffi les Latins comprenoient
l’une & fautre fous- le nom de Maries. Lorlqu’on les« a diftin-
guées par des noms différons, on .a défigpé dans leur dénomination
les lieux où elles, vivent ; la. marte eft plus lâuvage que la
fouine,, elle habite les, bois; qn a cru. qu’elle reftoit dans les
forêts de fàpins, & on l’a appelée marte lauvage ou marte des
fapins La« fouine fréquente les lieux, habités & fe) retire dans
les rochers, mais elle va. auffi dans« les bois; on-a prétendu
quelle pTéféroirles forêts de hêtres, & on lui a donné les noms
de marte domeflique & de marte des hêtres *y Gèt arbre étoït
nommé fau en vieux langage françois, il y a lieu de croire que
le nom de foine & de fouine a été dérivé de fau. Quoi qu’il
en lôit, les noms n’influeront jamais for la nature des choies,
& les conféquences que l’on pourrait tirer de leur lignification,
jetteraient lôuvent dans l’erreur, fi op la croyoit toujours fondée
fur de bonnes raifons: le fait dont il s’agit en eft un exemple;
car les martes & les fouines fe trouvent dans toutes fortes de
forêts, & même dans celtes où,on ne voit ni lapins ni hêtres.
Les martes qui m’ont fèrvi de fojéts pour la defcription de cet
animal, ont été prîtes en Bourgogne, dans des forêts op il n’y
a point de fapins ni aucun autre arbre réfineux, fi ce n’efl le
genièvre : ce ferait auffi fans fondement que l’on prendrait la
a Martes abietum. b Martes fagorum.
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■ fouine pour un-animal doméftique, quoiqu’elle vienne chercher
là proie dans des lieux habités , elle n eft qu’un peu moins
fauvage que la marte.
Plufieurs auteurs ont -prétendu que ta marte & la fouine
itoieiH de différentes efpèces, fans rapporter aucune raifon qui
.autorité leur opinion; d’autres ont aflîiré que ces deux«animaux
■ étoient de la même efpèce , &. «qu’ils fe mêloient dans l’accou-
-plement, mais ce fait n’a pas été prouvé ; il nie paraît au
«contraire que la marte & la fouine ne s’accouplent pas enfemble,
; parce que l’on ne voit point de métis qui viennent de leur
«mélange. Ces métis, ou au moins quelques-uns deux, auraient
,1a gorge teinte du jaune de la marte & du blanc de la fouine,
«car un des «principaux caractères qui diftingue ces deux animaux
-l’un «de l’autre , eft que la marte a la gorge jaune, & que celle
;«de la fouine eft blanche; d’ailleurs les teintes delà couleur du
«poil, qui font plus belles dans la marte, & le lufke, qui eft
'-plus brillant que dans la fouine, s’altéreraient dans les métis; on
ten verrait qui'auraient le poil moins beau que celui de la marte,
«*& plus beau que celui de la fouine; bien-tot les métis-fe multiplieraient
en grand nombre ; ils (e mêleraient -avec les maries
t& les fouines de races pures, & par ce mélange les caractères
diftiiiétîfs de ces races difparoîtroient dans la fuite des générations,
auraient déjà dilparu, fi la marte & la fouine s accouploient
«Cnfembie.
C ’eft fer ces confidérations que je me feis déterminés décrire
la marte feparément delà fouine, quoique ces deux animaux fe
reffemblent fi parfaitement pour la forme extérieure du corps
& pour la -Conformation des parties intérieures, qü il ity a que
les couleurs du- poil qnr •puillèm tes faire diftingùer l’un de
l’autre.