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conftamment toutes les chiennes ; mais dès qu’on
leur préfenta leur femelle légitime, ils la couvrirent
quoiqu’enehaînés, & elle ptôduifit quatre petits. Ces
mêmes renards qui fe jetoient fur les poules lorfqu’ils
étoienten liberté, n’y touchoient plus dès qu’ils avoient
leur chaîne : on attachoit fouvent auprès d’eux une poule
vivante, on les laiffoit pafler la nuit enfemble, on les
faifoit même jeûner auparavant; malgré le befoin 6c la
commodité, ils n’oublioient pas qu ils etoient enchaînes,
& ne touchoient point à la poule.
Cette efpèce eft une des plus fujettes aux influences
du climat, & l’on y trouve prefque autant de variétés
que dans les efpèces d’animaux domeftiques. La plufpart
de nos renards font roux, mais il s’en trouve auffi dont
le poil eft gris argenté; tous deux ont le bout de la queue
blanc. Les derniers s’appellent en Bourgogne renards
charbonniers, parce qu’ils ont les pieds plus noirs que
les autres. Ils paroiflent aufli avoir le corps plus court,
parce que leur poil eft plus fourni. Il y en a d’autres qui
ont le corps réellement plus long que les autres, 6c qui
font d’un gris fale, à peu près de la couleur des vieux
loups ; mais je ne puis décider cette différence de
couleur eft une vraie variété, ou fi elle n eft produite
que par l’ifge de l’animal qui peut-etre blanchit en
vieilliflànt. Dans les pavs du nord il y en a de toutes
couleurs, des noirs, des bleus, des gris, des gris de fer,
des gris argentés, des blancs, des blancs a pieds fauves,
des blancs à tête noire, des blancs avec le bout de la
queue noir, des roux avec la gorge & le ventre entièrement
blancs, fans aucun mélange de noir, & enfin des
croifés qui ont une ligne noire le long de l’épine du
dos, & une autre ligne noire fur les épaules, qui traverfc
la première : ces derniers font plus grands que les autres,
6c ont la gorge noire. L ’efpèce commune eft plus généralement
répandue qu’aucune des autres, on la trouve
par-tout, en Europe a, dans l’A f ie bfeptentrionale 6c tempérée
; on la retrouve de même en Amériquee, mais
elle eft fort rare en Afrique & dans les pays voifins de
l’Equateur. Les voyageurs qui difent en avoir vû à
CalecutJ 6c dans les autres provinces méridionales des
Indes, ont pris les chacals pour des renards. Ariftote
lui-même eft tombé dans une erreur fèmblable, lorfqu’il
a dit ' que les renards d’Égypte étoient plus petits que
ceux de Grèce ; ces petits renards d’Égypte font des
putois f , dont l’odeur eft infupportable. Nos renards,
originaires des climats froids, font devenus naturels aux
pays tempérés, 6c ne fe font pas étendus vers le midi
au delà de l’Efpagne 6c s du Japon. Ils font originaires
“ V o y e z les OE u v r e s d e R en a rd .
Paris, 1742, Tome 1 , page
17 fi.
h V o y e z la relatio n d u v o y a g e
d’Adam Olearius. Paris, 1676,
Tome 1 , page 768.
c Voyez le v o y a g e d e la H o n tan ,
Tome I I , page 42.
* V o y e z les v o y a g e s d e F ran ç o is
e y r a r d . J^aris, 16 ip , lomel,
page 427.
' A r i f t o t e . Hiß. animal, lib. 8,
cap. 1 8.
f A ld r o v a n d e . Quadtup. hiß.pag,
s p 7.
s V o y e z l ’h if to ir e d u J a p o n ,
p arKoe m pfer. La Haye, 1710,
Tome I , vase 1 1 0.
L ij