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* . A . éfr
Cette différence, qui fe fait fentir meme parmi lés
hommes, a de bien plus grands effets, & fuppofe de
bien plus grandes caufes parmi les animaux. -L’idee feule
du domicile préfuppofe une attention fingulière fitr foi-
même; enfuite le choix du lieu, fart de faire fon manoir,
de le rendre commode, d’en dérober l’entrée, font
autant d’indices d’un fentiment fupérieur. Le renard en
efl doué, & tourne tout à fon profit; il fo loge au bord
des bois, à portée des hameaux; il écoute le chant des
coqs & le cri des volailles ; il les fàvoure de loin, il
prend habilement fon temps, cache fon deffein & fà
marche, fe gliffe , fe traîne, arrive, & fait rarement des
tentatives inutiles. S’il peut franchir les clôtures, ou
paffer par deffous, il ne perd pas un inflant, il ravage
la baffe-cour, il y met tout à mort, fo retire enfuite
tellement en emportant fà proie, qu’il cache fous fa
mouffe, ou porte à fon terrier; il revient quelques mo-
mens après en chercher une autre, qu’il emporte & cache
de même, mais dans un autre endroit, enfuite une troi-
fième, une quatrième, &c. jufqu’à ce que le jour ou
le mouvement dans la maifon favertiffe qu’il faut fo
retirer & ne plus revenir. Il fait la même manoeuvre dans
les pipées & dans les boquetaux où fon prend les grives
& les bécaffes au lacet; il devance le pipeur, va de
très-grand matin, & fouvent plus d’une fois par jour,
vifiter les lacets, les gluaux, emporte fùcceffivement les
oifoaux qui fo font empêtrés, les dépofe tous en différons
endroits, fur-totit au bord des chemins, dans les
Ornières, fous de la mouffe , fous un genièvre, les y
laiffe quelquefois deux ou trois jours, & fait parfaitement
les retrouver au befoin. II chaffe les jeunes levreaux en
plaine , fàifit quelquefois les lièvres au gîte, ne les
manque jamais lorfqu’ils font bleffés, déterre les lapreaux
dans les garennes , découvre les nids de perdrix, de
cailles,; prend la mère fur les oeufs, & détruit une quantité
prodigieufo de gibier. Le loup nuit plus au payfàn,
le renard nuit plus au gentilhomme.
La chaffe du renard demande moins d’appareil que
celle du loup ; elle efl plus facile & plus amufànte. Tous
les .chiens ont de la répugnance pour le loup, tous
les chiens au contraire chaffent le renard volontiers , &
même avec plaifir. Car quoiqu’il ait l ’odeur très-forte,
ils le préfèrent fouvent au cerf, au chevreuil & au lièvre.
On peut le chaffer avec des baffets, des chiens courans,
des. briquets : dès'qu’il fo font pourfuivi', il court à fon
terrier; les baffets à jambes torfeS font ceux qui s’y
gliffent le plus aifément: cette manière efl bonne pour
prendre7une portée entièrè de renards, la mère avec les
petits; pendant qifelle fë défend & combat les baffets,
on tâche de découvrir le terrier par deffus, & on la tue
ou on la fàifit' vivante avec des pinces. Mais comme les
terriers font fouvent:dans des rochers, fous des troncs
d’arbres , & quelquefois trop enfoncés fous terre, on ne
réulfit pas toujours. La fàçon la plus ordinaire, la plus
agréable & la plus fûre de chaffer le renard, efl de commencer
par boucher les terriers ; on place les tireurs