5o H i s t o i r e N a t u r e l l e
rendu, cette chafie eft ennuyeufe, a moins que les
chiens courant ne foient foutenus par des lévriers qui
le faillirent, le harcèlent, & leur donnent le temps de
l ’approcher.
Dans les campagnes, on fait des battues à force d’hommes
& de mâtins, on tend des piégés, on prelente
des appâts, on fut des folles, on répand des houlettes
empoilbnnées ; tout cela n empeche pas que ces animaux
ne foient toûjours en meme nombre, lut'- tout
dans les pays où il y a beaucoup de bois. Les Angiois
prétendent en avoir purgé leur ilîe, cependant on m a
alluré qu’il y en avoit en Écofle. Comme il y a peu de
bois dans la partie méridionale de la Grande-Bretagne,
on a eu plus de facilité pour les détruire.
La couleur & le poil de ces animaux changent liiivant
les différens climats, & varient quelquefois dans le même
pays. On trouve en France & en Allemagne , outre les
loups ordinaires, quelques loups à poil plus épais 8c
tirant fur le jaune. Ces loups, plus làuvages & moins nui-
fibles que les autres, n’approchent jamais ni des mai-
fons, ni des troupeaux , 8c ne vivent que de chaffe &
non pas de rapine. Dans les pays du nord, on en trouve
de tout blancs & de tout noirs ; ces derniers font plus
grands & plus forts que les autres. L ’elpèce commune
elt très-généralement répandue, on l’a trouvée en Afie
* Voyez le voyage Je Pietro délia Vaile. Rouen, i y4 5 > Vol- IV►
pages 4 & p-
D U L O U P. 51
en Afrique” & en Amérique 1 comme en Europe. Les
loups du Sénégal c relTemblent à ceux de France, cependant
ils font un peu plus gros, & beaucoup plus
cruels ; ceux d’Égypte font a plus petits que ceux de
Grèce. En Orient, & fur-tout en Perfe, on fait fervir
les loups à des fpe&acles e pour le peuple ; on les exerce
de jeunelfe à la danfe, ou plultôt à une efpèce de lutte
contre un grand nombre d’hommes. On acheté jufqu a
cinq cens écus, dit Chardin, un loup bien drelTe a la
danfe. Ce fait prouve au moins qu a force de temps 8c
de contrainte ces animaux font lùfceptiblcs de quelque
efpèce d’éducation. J’en ai fait élever & nourrir quelques-
uns chez moi: tant qu’ils font jeunes, c’elt-a-dire, dans
la première 8c la féconde année, ils font alfez dociles,
ils font même carelîàns, & s’ils font bien nourris , ils ne
fe jettent ni fur la volaille, ni fur les autres animaux; mais
à dix-huit mois ou deux ans ils reviennent à leur naturel,
on ell forcé de des enchaîner pour les. empêcher de
s’enfuir 8c de faire du mal. J’en ai eu un qui ayant été
3 Voyez l’Hilt. gén. des voyages par M. l’abbé Prévôt, ToineV,
■ page 8p.
b Voyez le voyage du P. Leclercq. Paris,. 16pi , pages 48 8 if
4 S9- { ' . ' ' ■ 1 1
c Voyez l’Hift. gén. des voyages par M. l’abbé Prévôt, Tome III,
page 2 8p. Voyez aulïi le voyage du lîeur le Maire aux illes Canaries,
Çap verd, Sénégal, &c. Paris, 1 6g)p , page 100.
4 Vide Ariftotel. Hift. animal, lib. VJll, c. 28.
” Voyez le voyage de Chardin. Londres, 1686, page 'ipi. Voyez
aulfi le voyage de Pietro délia Vallç.- Rouen, 1 7 4 5 ' Vol- IV, page 4,
G ij