conftans. L ’afpeét de la tête eft différent, la forme des
os l’eft auffi ; le loup a la cavité de l’oeil obliquement
pofée, l’orbite inclinée, les yeux étincelans, brillans
pendant la nuit; il a le hurlement au lieu de l’aboiement,
les mouvemens différens, la démarche plus égale, plus
uniforme, quoique plus prompte & plus précipitéei le
corps beaucoup plus fort & bien moins fouple * , les
membres plus fermes, les mâchoires & les dents plus
greffes, le poil plus rude & plus fourré.
Mais ces animaux fe reffemblent beaucoup par la conformation
des parties intérieures. Les loups s’accouplent
comme les chiens, ils ont comme eux la verge offeufe
& environnée d’un bourlet qui fe gonfle & les empêche
de fe féparer. Lorfque les louves font prêtes a mettre
bas, elles cherchent au fond du bois un fort, un endroit
bien fourré, ,au milieu duquel elles aplaniffent un efpace
affez confidérable en coupant, en arrachant les épines
avec les dents ; elles y apportent enfuite une grande
quantité de mouffe, & préparent un lit commode pour
leurs petits ; elles en font ordinairement cinq ou
fix, quelquefois fept, huit & même neuf, & jamais
moins de trois; ils naiffent les yeux fermés comme les
chiens , la mère les allaite pendant quelques femaines &
* Ariftote a dit mal à propos que le loup avoit dans le col un fod
os continu ; le loup a, comme le chien & comme les autres animaux
quadrupèdes, plulieurs vertèbres dans le col, & il peut le fléchir &
le plier de la même façon : on trouve feulement quelquefois une des
vertèbres lombaires adhérente à la vertèbre voifine, Voye7^ ci - après la
defcription du fquelette du loup.
leur apprend bien-tôt à manger de la chair qu’elle leur
prépare en la mâchant. Quelque temps après elle leur apporte
des mulots, des levreaux, des perdrix, des volailles
vivantes;les louveteaux commencent par jouer avec elles,
& finirent par les étrangler, la louve enfuite les déplume,
les écorche, les déchire, & en donne une
part à chacun. Ils ne fortent du fort où ils ont pris
naiffance, qu’au bout de fix femaines ou deux mois;
ils fuivent alors leur mère qui les mène boire dans quelque
tronc d’arbre ou à quelque mare voifine ; elle les
ramène au gîte , ou les oblige à fe receler ailleurs lorf-
qu’eile craint quelque danger. Ils la fuivent ainfi pendant
plufieurs mois. Quand on les attaque , elle les
défend de toutes fes forces ,- & même avec fureur;
quoique dans les autres temps elle foit, comme toutes
les femelles, plus timide que le mâle ; Iorfqu’elle a des
petits, elle devient intrépide, femble ne rien craindre
pour elle, & s’expofe à tout pour les fkuver : auffi
ne l’abandonnent-iis que quand leur éducation eft faite,
quand ils fe fentent affez forts pour n’avoir plus befoin
de fecours; c’eft ordinairement à dix mois ou un an,
lorfqu’ils ont refait leurs premières dents, qui tombent à
fix mois I f &. lorfqu’ils ont acquis de la force, des armes,
& des talens pour la rapine.
Les mâles & les femelles font en état d’engendrer à
l ’âge d’environ deux ans. Il eft à croire que les femelles,
*
Voyez fa Vénerie de du Fouilloux. Paris, i S13, page 100,
yerfo,
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