
 
		Les  rats  font  auffi  lafcifs  que  voraces,  ils  glapiffent  
 dans  leurs  amours,  &  crient  quand  ils  fe  battent ;  ils  
 préparent  un  lit  à  leurs  petits,  &  leur  apportent  bientôt  
 à  manger ;  lorfqu’ils  commencent  à  fortir  de  leur  
 trou,  la  mère  les  veille,  les  défend,  &  fe  bat  meme  
 contre  les  chats  pour  les  fauver.  Un  gros  rat  eft  plus  
 méchant,  &  prefqu’auffi  fort  qu’un  jeune  chat;  il  a  les  
 dents  de  devant  longues  &   fortes;  le  chat  mord  mal,  
 &  comme  il  ne  fe  fort  guère  que  de  fes  griffes,  il  faut  
 qu’il  foit  non  feulement  vigoureux,  mais  aguerri.  La  
 belette,  quoique  plus  petite,  eft  un  ennemi  plus  dangereux, 
   &  que  le  rat  redoute  parce  qu’elle  le  fuit  dans  
 fon  trou:  le  combat  dure  quelquefois  long-temps,  la  
 force  eft  au  moins  égale ;  mais  l’emploi  des  armes  eft  
 différent  :  le  rat  ne  peut  bleffer  qu’à  plufieurs  reprifes  
 &  par  les  dents  de  devant,  lefquelles  font  pluftôt  faites  
 pour  ronger  que  pour  mordre,  &  qui  étant  pofees  a  
 .  l’extrémité  du  levier  de  la  mâchoire  ont  peu  de  force ;  
 tandis  que  la  belette  mord  de  toute  la  mâchoire  avec  
 acharnement,  &  qu’au  lieu  de  démordre,  elle  fticce  te  
 làng  de  l’endroit  entamé;  auffi  1e  rat  fficcombe-t-il  
 toûjours. 
 On  trouve  des  variétés  dans  cette  elpèce,  comme  
 dans  toutes  celles  qui  font  très-nombreufes  en  individus;  
 outre  les  rats  ordinaires  qui  font  noirâtres,  il  y  en  a  de  
 bruns,  de  prefque  noirs,  d’autres  d’un  gris  plus  blanc  
 ou  plus  roux,  &  d’autres  tout-à-fàit  blancs  :  ces  rats  
 blancs  ont  les  yeux  rouges  comme  te  lapin  blanc,  la 
 fouris  blanche,  &  comme  tous  tes  autres  animaux  qui  
 font tout-à-fàit blancs.  L ’efpèce  entière,  avec fes variétés,  
 paraît  être  naturelle aux  climats  tempérés  de notre  continent  
 ,  &  s’eft  beaucoup  plus  répandue  dans  tes  pays  
 chauds  que  dans  tes  pays  froids.  Il  n’y  en  avoit  point1  
 en  Amérique,  &  ceux  qui  y  font  aujourd’hui,  &  en  
 très-grand  nombre,  y  ont  débarqué avec  tes Européens;  
 ils  multiplièrent  d’abord  fi  prodigieufement,,, qu’ils  ont  
 été  pendant  long-temps  le  fléau  des  Colonies,  où  ils  
 n’avoient  guère  d’autres  ennemis  que  tes  greffes  couleuvres  
 qui  les  avalent  tout  vivans :  les  navires  tes  ont  
 auffi  portés  aux  Indes  orientales,  & dans  toutes  les  ifles b  
 de  l’Archipel  indien  :  il  s’en  trouve  auffi  beaucoup  en  
 Afrique  c.  Dans  te  nord,  au  contraire,  ils  ne  fe  font  
 guère multipliés au delà de  la Suède ,  &  ce  qu’on  appelle  
 des rats en Norvège,  en Lapponie,  &c.  font des animaux  
 différens  de  nos  rats. 
 * V o y e z  la d e fe r ip t io n  des  A n t ille s  p ar le   P .   d u  T e r t r e ,  Paris,  166y,  
 Tome  II, page 303.  L ’H i f lo i r e  n atu relle  des  îles A n t i lle s ,   Rotterdam,  
 1638, page  2.61.  N o u v e a u x   v o y a g e s  au x  îles d e  l ’A m é r iq u e ,  Paris,  
 1 y22,  Tome III,page  160.  V o y a g e   d e   D am p ie r ,   Rouen,  s y i f ,   
 Tome  IV, page 223. 
 b  V o y e z   les  L e t t r e s   éd ifian te s ,  Recueil  x v m ,  page  161, 
 c  V o y e z   le   v o y a g e   d e   G u in é e   p a r  B o f iu a n ,   Utrecht,  1303,  
 page  23.1.  V o y e z   au ffi  l ’H if to ir e   g én é ra le   d es  v o y a g e s   p a r  M .   l ’a b b é   
 P r é v ô t ,   Tome IV, page 238. 
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