2 o o H i s t o i r e N a t u r e l l e
en amour au printemps; les mâles fe battent fur les toits
6c fe dilputent la femelle ; enfuite ils l’abandonnent & vont
palier l’été à la campagne ou dans les bois ; la femelle
au contraire relie dans fon grenier jufqu’à ce qu’elle ait
mis bas, & n’emmène fes petits que vers le milieu ou
la fin de l’été ; elle en fait trois ou quatre & quelquefois
cinq, ne les allaite pas long-temps, & les accoûtume
de bonne heure à fuccer du fang 6c des oeufs.
A la ville ils vivent de proie , & de chalfe à la campagne
; ils s’établjlfent pour palfer l’été dans des terriers
de lapins, dans des fentes de rochers, dans des troncs
d’arbres creux, d’où ils ne lortent guère que la nuit
pour fe répandre dans les champs, dans les bois; ils
cherchent les nids des perdrix, des allouettes & des
cailles ; ils grimpent liir les arbres pour prendre ceux
des autres oifeaux ; ils épient les rats, les taupes, les
mulots, & font une guerre continuelle aux lapins, qui
ne peuvent leur échapper, parce qu’ils entrent aifément
dans leurs trous ; une feule famille de putois fuffit pour
détruire une garenne. C e ferait le moyen le plus limple
pour diminuer le nombre des lapins dans les endroits où
ils deviennent trop abondans.
L e putoi.s eft un peu plus petit que la fouine ; il a la
queue plus courte, le mulèau plus pointu, le poil plus
épais 6c plus noir; il a du blanc fur le front, aulfi-bien
qu’aux côtés du nez 6c autour de la gueule. Il en diffère
encore par la voix ; la fouine a le cri aigu 6c alfez
éclatant ; le putois a le cri plus obfcur ; ils ont tous
deux »
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deux, aufïi-bien que la marte & l’écureuil, un grognement
d’un ton grave 6c colère, qu’ils répètent louvent
lorfqu’on les irrite ; enfin le putois ne relfemble point
à la fouine par l’odèur, qui, loin d’être agréable , ell
au contraire li fétide, qu’on l ’a d’abord dillingué 6c dénommé
par-là. C ’elt fur-tout lorfqu’il ell échauffé, irrité,
qu’il exhale 6c répand au loin une odeur infupportable. Les
chiens ne veulent point manger de là chair, 6c là peau
même, quoique bonne, ell à vil prix, parce qu’elle ne
perd jamais entièrement fon odeur naturelle. Cette odeur
vient de deux follécules ou véficules que ces animaux
ont auprès de l’anus, 6c qui filtrent 6c contiennent une
matière onctueufe, dont l’odeur ell très-delàgréable dans
le putois, le furet, la belette, le blaireau, &c. 6c qui
n’ell au contraire qu’une efpèce de parfum dans la
civette, la fouine, la marte, &c.
Le putois paraît être un animal des pays tempérés : on
n’en trouve que peu ou point dans les pays du nord, ôc ils
font plus rares que la fouine dans les climats méridionaux.
Le puant d’Amérique ell un animal différent, & f’elpèce
du putois paraît être confinée en Europe, depuis l’Italie
jufqu’à la Pologne. Il ell fûr que ces animaux craignent le
froid, puifqu’ils fe retirent dans les maifons pour y palier
l’hiver, 6c qu”on ne voit jamais de leurs traces fur la neige,
dans les bois ou dans les champs éloignés des maifons, 6c
peut-être aulfi craignent-ils la trop grandechaieur ,puifqu on
n’en trouve point dans les pays méridionaux.
Tome VJI. C e