2 i o H i s t o i r e N a t u r e l l e
pais ce qui prouve encore mieux que ce font des,
animaux différens, c’eft qu’ils ne fo mêlent point en-
femble, & qu’ils diffèrent d’ailleurs par un grand nombre
de caraétères effentiels. Le furet a le corps plus
alongé a Sc plus mince, la tête plus étroite, le mufeau
plus pointu que le putois ; il n’a pas le même inftinét
pour trouver là fubfiftance ; il faut en avoir foin, le
nourrir à la maifon, du moins dans ces climats ; il ne
va pas s’établir à la campagne ni dans les bois ; & ceux
que l’on perd dans les trous de lapins, Sc qui ne reviennent
pas, ne fe font jamais multipliés dans les champs
ni dans les bois, ils périffent apparemment pendant
l ’hiver : le furet varie aulfi par la couleur du po il,
'comme les autres animaux domeftiques , & il eft auffi
commun dans les b pays chauds, que le putois y elt
rare.
La femelle eft dans cette efpèce fenfiblement plus
petite que le mâle ; lorfqu’elie eft en chaleur, elle fe
recherche ardemment, & l’on affure c qu’elle meurt fi
elle ne trouve pas à fe fàtisfaire ; auffi a-t-on foin dé
ne les pas féparer. On les élève dans des tonneaux ou
dans des caiffes où on leur fait un lit d’étoupes ; ils
■ * V o y e z ci-après ia d e fc r ip t io n d u fu r e t , o ù i i e ft d it q u ’il a q u in z e
■ côtes, au lieu q u e le p u t o i s , lit fo u in e & la marte it ’en o n t q u e q u a to
r z e | & q u ’il a a u ffi u n o s d e p lu s dans le ftermtm.
, h L e fu r e t le t ro u v e en B a rb a r ie , & fe n om m e Nimfe. V o y e z les
"Vo y a g e s d u d o c te u r S h .w , Arnßerd. 1743, Tome 1 , page 322.
’ Vide G e fn e r , Hiß, animal, quadrup, pag. 763,
dorment prefque continuellement : ce fommeil fi fréquent
ne leur tient lieu de rien ; car dès qu ils s éveillent
ils cherchent à manger ; on les nourrit de fon, de pain,
de lait ,1 &c. ils produifent deux fois par an ; les femelles
portent fix fomaines : quelques-unes dévorent leurs petits
prefque auffi-tôt qu’elles ont mis bas, 8c alors elles
deviennent de nouveau en chaleur Sc font trois portées,
lefquelles font ordinairement de cinq ou fix, & quelquefois
de fept, huit, & même neuf.
Cet animal eft naturellement ennemi mortel du lapin ;
lorfqu’on préfente un lapin, même mort, a un jeune
furet, qui n’en a jamais vû , il fe jette deflùs Sc le mord
avec fureur; s’il eft vivant, il le prend par le col, par
le n e z , Sc lui fucce le fang ; lorfqu’on le lâche dans
les trous des lapins on le mufète, afin qu il ne les tue
pas dans le fond du terrier, & qu’il les oblige feulement
à fortir & à fe jeter dans le filet dont on couvre l’entrée.
Si on laiffe aller le furet fans mufelière, on court rifque
de le perdre, parce qu’après avoir fuccé le fang du
lapin il s’endort, Sc la fumée qu on fait dans le terrier
n’eft pas toujours un moyen fûr pour le ramener, parce
que fouvent il y a plufieurs iflues, Sc qu’un terrier communique
à d’autres, dans iefquels le furet s’engage à
mefùre que la fumée le gagne. Les enfàns fe fervent
auffi du furet pour dénicher des oifeaux- ; il entre aife-
rnent dans les trous des arbres & des murailles, Sc il les
apporte au dehors.
Dd ij