
 
		LE   T O U R O U T  1ER  de la Guiane.  (P l a n ch e   279.) 
 Cet  a r b r e   eit  un  des  plus  grands  &C  des  plus confidérables  de lai  
 Guiane.  Son  t r o n c   s’élève  à  cinquante  ou  foixahte pieds  8c  plus de|  
 hauteur,  fur  quatre  à  cinq  pieds  de diametre.  Son  é c o r c e   eft  rouf-j  
 iàtre,  épailfe,  filandreufe.  Son b o is   eft blanchâtre,  peu compa&e.Ilg  
 pouife  à fon fommet  des b r a n ch e s   qui  s’élèvent fort haut, & d’autrcsl  
 qui  fe  répandent horifontalement ;  elles  font  rameufes,  chargées dei  
 f e u il l e s   alternes, portées  fur de longs  pédicules,  gros &  renflés  à lai  
 naiflance  de  la  feuille,  convexes  en  deflous  8c  applatis  en  deiTus,|  
 accompagnés  à leur bafe de  deux  s t ip u l e s   qui  tombent. 
 Ces  f e u il l e s   font  entières,  vertes  en  delfus,  couvertes en deffouil  
 d’un très léger duvet de poil  rouflatre, & âpres au  toucher. Elles fo i*   
 ovales, terminées en pointe.  Lës plus grandes  ont un pied  &  plus dti  
 longueur, fur fix à fept pouces de largeur. Elles  font partagées par  un*  
 nervure longitudinale, faillante, qui, dès  le bas, en jettent de latérale!  
 également Taillantes. 
 Les  f l e u r s   naiflent  fur  de  grofTes  8c  grandes  panicules  éparfesj  
 dont  les branches  8c  les  rameaux  fortcnt  chacun  de  l’aiflelle  d’une*  
 écaîlLé.  Lës tiges de  ces  panicüles  font rangées les unes au  deflùs des!  
 autres,  alternativement,  autour  de  l’extrémité  des  rameaux,  au  def-l  
 fous  d’un  jeune  bourgeon.  Chaque  fleur  a fon petit pédoncule parti-*  
 culier,  à  la  bafe  duquel  eft une  petite  écaille.  Ce pédoncule  eft  ter-l  
 miné  par un  bouton  qui,  en  s’épâhouiflant,  fe  divife en cinq parties  
 longues, ovales  8c aiguës,  jaunes  en dehors,  8c de  couleur  rougeâtre[  
 en  dedans :  du  centre  de  ces  divilîons,  qui  eft  concave  8c  chargé!  
 de poils, s’élève un pivot qui  porte à   fon fommet un d is q u e   en formel  
 de coupe , velu  intérieurement  &  extérieurement,  découpé  en  cinq*  
 dentelures  fourchues  auxquelles  font  attachées  les a n t h è r e s   qui font!  
 au  nombre  de  dix,  deux  lür  chaque dentelure. 
 Le p i s t i l ,  qui occupe le centre de ce difque, eft un ovaire à quatre I  
 ou cinq cotes arrondies,  convexes, heriflees  de poils  roux, iiirmonté I  
 d’un  s t y l e   courbe,  terminé par un s t ig m a t e   à  cinq rayons. 
 L ’ovairb  > 
 L ’o v a i r e   Revient  un  f r u i t   compofé  de  trois,  quatre  ou  cinq  
 'capfules  qui fe féparent,  s’écartent  8c ont  chacune un petit pédoncule.  
 Les découpures du difque,  les  poils  donc  il  étoit  chargé,  perfiftent,  
 s’allongent,  grofflffent,  deviennent  coriaces,  rouflacres,  8c  forment  
 enfemble  une greffe houppe qui  couvre  la  bafe des capfules. Ces cap-  
 filles  font  convexes  fur deux faces,  8c un  peu  comprimées, courbées  
 en  demi-cercle du côté extérieur -, 8c le côté oppofé eft prefque tiré en  
 ligne  droite,  depuis  fa pointe  jufqu’au pédoncule.  Cette capfule,  qui  
 eftépaifle,  ferme,  coriace,  s’ouvre  en  deux  valves par  le côte  extérieur  
 8c  demi-circulaire.  Elle  eft  remplie  de poils  roux,  roides,  fins ;  
 piquans,  qui enveloppent & couvrent quatre ou cinq graines ovoïdes,  
 noires,  qui font attachées au bord intérieur  qui eft oppofé  à  celui  par  
 lequel  elles  s’ouvrent. 
 L’on  a  grofli le calice,  un  iommet  d’étamine ,  l’ovaire.  La  fleur  8c  
 la graine  font  de  grandeur  naturelle,  de memie que  les poils qui font  
 à la bafe des capfules.  A  l’égard  des  capfules  elles  font diminuées  des  
 deux tiers. 
 Les  Galibis  8c les  Garipons  font  des  cordes  8C  de gros  rubans  avec  
 les filaments intérieurs de l’écorce  de  cet  arbre. 
 On ne  peut manier  les  fruits  ouverts  fans  être  tourmenté  par  les  
 poils  quf s’en  échappent,  8c  qui  caufent une démangeaifon infuppor-  
 table. 
 Cet  arbre  eft nommé  ToUROV-TOUROU  par  les  Galibis y iV lR A   
 par  les Garipons ; MJHOT  c o chon  par les Créoles  de S. Domingue. 
 Je  l’ai  trouvé-dans  les  grandes  forêts  de  la  Giiiane  ,  au  defliis  du  
 premier faut en defcendant la riviere de Sinémari. 
 Il étoit  en  fleur  dans  le  mois  d’Oétobre,. 8c  enfuite  je  l’ai  obfervé  
 en  fruit  dans  le mois  de Mai,  fur les bords  de la crique des Galibis. 
 E x p l i c a t io n   d e   l a   P l a n c h e   d e u x   c e n t   s o ix a n t e -d ix n e u y i e m e . 
 i .   Pédonçule  de la fleur. 
 2-  Efpece  de  calice  a  cinq  diviflons.  , ■ 
 ,  3.  Pivot  qui efi terminé par un  difque en forme de  coupe. 
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